Le climat
En hiver, les communications entre l’île et le continent sont interrompues par les glaces, pendant environ quatre mois.
Elles sont généralement rétablies, dès le commencement du moins d’avril, sur la côte occidentale, et souvent un moins plus tôt, sur la côte orientale.
Dans le passé, les habitants séquestrés dans leur île, pendant la période des glaces, étaient privés de tout rapport au dehors.
Cet état de choses s’est bien amélioré depuis que les nouvelles sont reçues chaque jour, et à toute heure par les câbles sous-marins.
D’ailleurs, l’exemple de l’île du Prince-Édouard, qui est bloquée par les glaces pendant et six moins, montre que cette circonstance ne fait point obstacle à la propriété d’un pays.
Les abords de la côte sont éclairés par quatre phares construits aux pointes de l’Est, du Sud, du Sud-Ouest et de l’Ouest.
Anticosti est reliés télégraphiquement au continent par deux câbles sous-marins, qui atterrissent, l’un sur la côte Nord du golfe, non loin du port de Mingan, l’autre sur la côte Sud.
Ils sont en communication avec dix bureaux télégraphiques, établis à intervalles plus ou moins rapprochés dans toute la longueur de l’île, dont le principal service consiste à signaler les navires à destination ou en provenance de Québec et de Montréal, qui passent en vue de l’île, au nombre de près de 2000 par an, à l’entrée et à la sortie du fleuve Saint-Laurent.
L’installation du service télégraphique a eu, en outre, pour avantage, de procurer des facilités peu ordinaires pour les opérations de pêche, en ce que, chaque jour, la présence et es mouvements des bancs de poisson en vue de l’île, sont signalés à tous les bureaux où les pêcheurs vont aux informations, de même que les existences de boëtte sur les différents points de l’île où les bateaux de pêche peuvent venir s’approvisionner en toute certitude, sont télégraphiés à tous les ports de la côte du continent jusqu’à Halifax.
La population
La population sédentaire de l’île ne dépasse pas 500 habitants, dont la plus grande partie sont Canadiens français; aussi l’ancien français bas-normand est-il le langage le plus usuel du pays. La population flottante, pendant la saison de la pêche, est de plus du double.
La pêche est la principale ressource des habitants, et la plus profitable. Pendant l’été les hommes s’y adonnent à l’exclusion de toute autre occupation; les femmes préparent le poisson et s’emploient aux travaux de la ferme, de la culture et aux soins du bétail.
Un certain nombre trouvent maintenant à s’employer dans les homarderies et fabriques de conserves de poisson établies sur différents points de la côte.
En hiver, les hommes coupent le bois, construisent les bateaux, les barils à poisson, les casiers à homard et trappent les animaux à fourrure, quand ils ont un permis de chasse du directeur.
Ceux qui ne trouvent pas à s’employer quittent l’île et s’en vont dans les ports de la côte et dans les villes de l’intérieur du Canada, en quête de travail et d’un salaire qui leur font défaut, pour revenir au printemps.
Le principal centre de population est à English Bay, sur la côte Nord, à peu de distance de la pointe occidentale de l’île. Les habitations y sont bien construites, de bonne apparence et confortables; les familles nombreuses et les gens bien vêtus.
C’est là que réside le directeur de l’île, que sont établis les magasins et approvisionnements de la Compagnie, que se construisent les bateaux, que se vendent les produits de la pêche, que se prépare le poisson pour l’exportation, qu’on en fait l’embarquement et, enfin, que se concentre l’activité de la petite colonie.
Il y a à English Bay, une église et une école catholiques; il en est de même à Strawberry Cove, situé à 3 milles à l’est de la pointe occidentale. À Fox Bay, il y a une église méthodiste et une école.
Un cours d’eau douce excellente traverse le village d’English Bay et forme, à ses confins mêmes, un lac d’une étendue de 70 hectares. Il y en a un autre de plus de 100 hectares à 5 kilomètres plus à l’Est, dont les eaux à la sortie, forment une chute de 10 à 12 mètres.
C’est à English Bay que l’arpenteur. M. Saint-Cyr, avait été chargé, par la Compagnie, de tracer le plan d’un grand centre de population, qui aurait occupé tout l’espace, depuis le grand lac jusqu’à la pointe de l’île.
Les habitants sont tous sauf une seule exception, de simples tenanciers payant à titre de loyer, une capitation par famille, qui a surtout pour objet de conserver à la possession de l’île son caractère de propriété privée.
Les anciens seigneurs d’étaient toujours refusés à aliéner une partie quelconque du territoire de l’île et même à consentir des beaux à longue échéance.
La Compagnie a continué les mêmes errements et s’est réservé le monopole du commerce dans l’île, c’est-à-dire le privilège exclusif de vendre aux habitants les provisions et autres objets nécessaires à leurs besoins, comme de leur acheter les produits de leur travail.
Sous ce régime, la population a néanmoins acquis, en ces dernières années, un réel degré d’aisance et de bien-être.
Ce système a eu évidemment le mauvais effet, dans la passé de faire obstacle au peuplement de l’île et d’en retarder la mise en valeur.
Il aura eu pour résultat d’avoir réservé ses ressources pour l’avenir, en ayant assuré la conservation des bois, limité la destruction du homard, réglementé la pêche de rivière, et empêché l’extinction des animaux à fourrure.