La renonciation de Thyra Seillière
La compensation offerte en échange de la renonciation de la veuve est relativement maigre comparée aux avantages de son droit d’usufruit : l’entente prévoit
que madame Seillière-Menier recevra une rente annuelle viagère de 360 000 francs (plus ou moins 72 000 dollars). Thyra accepte pourtant l’offre
forfaitaire que lui fait miroiter Gaston, lequel obtiendra de la sorte, en toute légalité, la pleine propriété des biens d’Henri.
Considérant l’énormité des avoirs de son défunt mari ainsi que les avantages qui y étaient rattachés, il est difficile de comprendre le geste de Thyra et le peu de
cas accordé aux conséquences qui découlent, pour elle, de la cession de son droit d’usufruit.
Le 24 octobre, après l’étonnant retrait de Thyra, voilà donc Gaston Menier, 58 ans, unique héritier et bénéficiaire des avoirs d’Henri – dont l’île d’Anticosti.
C’est ce qu’il désire depuis la mort de son frère; il obtient satisfaction pour presque rien compte tenu de l’étendue de sa fortune.
Cet accord reçut « forme authentique », c’est-à-dire pleine valeur juridique, le 5 décembre 1913.
Il appert que des relations sinon cordiales au moins de surface
sont maintenues pour un temps entre Thyra Seillière-Menier et Gaston Menier : ce dernier assistera au remariage de sa belle-sœur le 7 novembre 1917, quatre
ans après le décès d’Henri. Et il y a quelques invitations à dîner d’une part comme de l’autre, même après le remariage : le 13 janvier 1918, Thyra et son
nouvel époux sont invités à un repas chez Gaston.
Gaston, devenu l’héritier unique des biens de son frère, opte de conserver son île au Canada au soulagement immédiat des habitants de l’endroit.
Une décision dont il assumera les suites pendant les treize années consécutives à venir.
Le 3 novembre 1913, Martin-Zédé remet, à titre de régisseur d’Anticosti, un rapport final à son nouveau patron, Gaston Menier, le second membre de l’opulente
famille à posséder ce vaste domaine, assurément une des plus grandes propriétés privées de la planète. Commence alors une nouvelle ère dans l’histoire d’Anticosti.
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