La construction d’un hôtel de luxe envisagée
Le régisseur de l’île voit grand pour y développer le tourisme et augmenter ainsi les revenus. Il envisage notamment faire construire des pavillons de chasse.
Il poursuit la construction (amorcée sous Henri) de bungalows à l’embouchure des rivières à saumon : il les destine à l’usage de riches touristes disposés à
payer pour profiter de cet agrément de l’île.
Toutefois, les infrastructures d’accueil en mesure de satisfaire un tourisme de luxe font défaut et leur création est un élément essentiel à l’atteinte de cet
objectif.
Aussi Georges songe-t-il depuis un certain temps à faire ériger, sur les bords de la baie Ellis, un hôtel d’une certaine classe en mesure d’attirer des visiteurs
fortunés. En fait, il envisage développer une industrie touristique florissante à Anticosti.
Le modeste hôtel existant (depuis 1912) ne peut guère répondre à cette attente : il ne fut édifié que pour accommoder quelques gens de passage sans rien qui
puisse les inciter à y effectuer un long séjour de loisir ou de vacances.
Peu familier avec les exigences commerciales de l’hôtellerie et les particularités de l’accueil touristique, soucieux toutefois de prendre conseil à ce propos, le
régisseur invite à Baie-Ellis le gérant de l’hôtel Saint-Roch à Québec, Charles
Trudel.
C’est un homme simple mais fin connaisseur dans ce domaine.
Il débarque à Anticosti le 9 juin; il passera deux jours dans l’île. Martin-Zédé attend de lui qu’il dispense des avis sur une organisation hôtelière efficace.
L’opinion de Trudel est sollicitée sur les types d’aménagements convenables à un
établissement hôtelier de classe. Que conviendrait-il de faire pour garantir à un tel hôtel un renom sur le continent?
Le régisseur pense sans doute au succès commercial de l’hôtel Tadoussac (1866) et du manoir Richelieu (1898) où il a déjà séjourné. Faut-il construire à Anticosti
un grand hôtel similaire à ceux-ci pour y créer une industrie touristique rentable? demande Martin-Zédé à son invité.
La chasse, la pêche (en rivière, en lac ou hauturière), le canotage, l’aviron, la voile, le tennis, les expéditions, les exploitations sont autant d’attractions
capables d’asseoir une solide industrie touristique dans l’île, affirme Trudel. De
plus – comme complément indispensable à toutes ces suggestions –, la présence d’un terrain de golf près de l’hôtel serait un atout majeur, un gage de réussite,
assure l’hôtelier de Québec.
Pour ce qui concerne l’aspect gastronomique, Martin-Zédé souligne le fait que l’île est en mesure d’assurer un approvisionnement alimentaire quasi autosuffisant,
frais, continu et de qualité grâce notamment à la ferme Saint-Georges, à la charcuterie et à la poissonnerie locales.
Trudel partage et entretient la vision de Georges Martin-Zédé sur le potentiel
touristique d’Anticosti; il appuie sans réserve une exploitation future de ce volet prometteur.
Il reste pour Martin-Zédé à déterminer si les dépenses subséquentes cadreraient avec le régime d’austérité récemment instauré par Gaston Menier. Trudel « pourrait venir conférer avec Gaston Menier s’il le désire », question de le
convaincre de la faisabilité et de la rentabilité du beau projet.
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