Voici une histoire que j'ai entendu raconter.

Un jour, quelques riches planteurs organisent une roulette. L'un d'eux met vingt dollars sur la rouge, il gagne, et laisse quarante dollars sur la même couleur; il gagne encore, et continue de laisser sur la rouge sa mise constamment doublée par le gain.

La chance lui est si favorable qu'il ne perd pas une seule fois, et fait sauter la banque, riche de cent mille dollars à l'ouverture du jeu. Chacun admire la hardiesse et le sang-froid du gagnant. Les esprits s'échauffent, lui seul reste calme.

— Je n'ai plus aucune valeur sur moi, dit un des banquiers, en s'adressant à l'heureux joueur, mais j'offre de jouer tous les noirs de ma plantation contre les cent mille dollars que vous venez de nous gagner.

L'homme du Sud, la tête penchée, et comme absorbé dans ses réflexions, ne bouge pas et ne répond rien.

— Qui ne dit mot consent, s'écrie l'impatient banquier. Va donc pour tous les nègres de ma plantation !

La roulette marche, et cette fois encore, ô prodige du hasard! C’est le rouge qui sort.

Le joueur que la fortune semblait avoir pris sous sa protection immédiate, et qui se trouvait en gain de plus de huit cent mille francs, n'en parut nullement ému; pas un mot, pas une exclamation ne sortit de sa bouche.

On s'approcha de lui... il était mort! L'apoplexie l'avait foudroyé dès le commencement de la lutte.

Alors les banquiers voulurent reprendre l'argent qu'ils avaient perdu; mais un certain nombre de passagers s'étant prononcés en faveur du mort, le capitaine crut de son devoir de s'emparer des valeurs contestées et de les remettre à la caisse des dépôts et consignations en attendant la décision de la justice.

Les héritiers de l'heureux défunt eurent un procès à soutenir contre les planteurs perdants dont les conclusions furent celles-ci : Les morts ne jouant pas, nous n'avons donc pas pu jouer avec un mort ; par conséquent, il n'a pas pu nous gagner.

— Très bien, répondit la partie adverse, mais il n'était pas mort quand il a commencé à jouer, et rien ne venant fixer légalement le moment où il a succombé, nous devons rentrer dans tout ce qui a été gagné.

On n'a pas su me dire quelle a été l'issue de cette curieuse contestation.

En dehors du jeu, de la flirtation, qui ne perd jamais ses droits nulle part aux États-Unis, d'une musique de clarinettes, de trombones et d'ophicléides, exécutée par des bandes nomades de soi-disant musiciens allemands, et du spectacle de la nature; il n'y a point de récréations à bord des steamboats du Mississipi.

Mais il faut convenir que ce spectacle de la nature est souvent magnifique.

Le fleuve est très sinueux, et il arrive parfois que revenant sur lui-même par une immense courbe, on se retrouve, après une heure de marche, à quelques centaines de pieds seulement d'un endroit où l'on a déjà passé.

Sur plusieurs points, on a coupé les terres pour livrer passage aux bateaux et éviter une perte de temps toujours si regrettable pour l'Américain.

Le paysage, depuis la Nouvelle-Orléans jusqu'à Natchez, est plat, et rien ne vient distraire l'œil des immenses plantations de maïs, de canne à sucre et de coton. Çà et là quelques maisons de planteurs, quelques coquets villages dominant une colline, et c'est tout.

Mais après Natchez, c'est-à-dire à quatre cents milles au-dessus de l'embouchure du fleuve, les arbres apparaissent de plus en plus rapprochés, et les forêts vierges s'étendent jusque sur les bords du Mississipi.

Quant à la ville même de Natchez, où nous fîmes une courte station, elle est certainement une des plus coquettes et des mieux situées qu'il y ait au monde. C'est un nid d'amoureux, une vision de poète.

Nous ne pouvions nous lasser de contempler ce lieu ravissant qui rafraîchit à la fois le regard et l'esprit. Figurez-vous une agglomération de villas, peu séparées les unes des autres et mystérieusement enfouies dans la verdure.

Point de trottoirs dans la ville, mais de larges avenues très unies, et bordées magnifiquement par la nature d'arbres hauts et touffus.

Natchez c'est Neuilly, Saint-James, Madrid, le bois de Boulogne et le parc des Princes, rapprochés par des traits d'union de végétation tropicale, avec quelques milliers de maisons blanches dans lesquelles il semble qu'on doive vivre toujours heureux.

Nous quittâmes à regret ce séjour enchanteur, pour continuer notre route en remontant le Mississipi.

À partir de Natchez, le panorama prend une teinte sauvage et grandiose. Un parfum particulier de verdure et de fraîcheur s'exhale du sycomore, du platane, du saule, du chêne et de toute cette riche et puissante végétation du tropique.

Mais ne cherchez ni les singes sautant de branche en branche ni les oiseaux chanteurs dont chateaubriand peuple, avec une si poétique prodigalité, les bords riants du Natchez; les singes et les oiseaux n'ont jamais gambadé ni chanté sur les bords du Mississipi, si ce n'est dans l'imagination de cet écrivain, beaucoup plus soucieux de séduire par le charme du récit que d'intéresser par la réalité des faits.

De temps en temps seulement, on voit sur le fleuve, se baignant avec grâce, une ourse avec ses oursons que le bateau n'effraye pas. Ils ne daignent se déranger que lorsque le steamboat est près de les toucher.

Aussi se trouve-t-il souvent un passager qui, par manière de souvenir, loge dans la fourrure des oursons une ou deux balles de son rifle.

Au fond du steamboat, de plain-pied avec la salle à manger, se trouve le ladies saloon (salon des dames). Cette pièce décorée avec un luxe princier, se ferme à volonté au moyen de deux grandes portes qui glissent sur des rainures pratiquées dans le parquet.

Sur ces portes, comme sur toutes les portes des cabines, sont peints artistiquement les sites les plus pittoresques des États-Unis. Quand les ladies ont fermé la porte de leur salon, c'est un sanctuaire inaccessible à tout ce qui n'est pas frère, père ou mari d'une des divinités du lieu.

Pour étudier l'Américain, c'est dans le bar ou buvette qu'il faut aller, durant les longs trajets sur le Mississipi. Le bar est littéralement rempli du matin au soir de buveurs que rien ne désaltère. Comment font-ils pour absorber tant d'eau-de-vie et n'en pas mourir? C'est leur secret.

Ordinairement la buvette est affermée à un particulier par le capitaine du bord. Il fait payer ce privilège plus ou moins cher, selon l'importance du bateau.

Personne de plus généreux qu'un planteur, quand la récolte a été bonne et qu'il vient de s'embarquer avec ses dernières balles de coton et ses derniers boucauts de sucre. Dans sa joie, il lui arrive souvent d'inviter à boire tous les passagers en masse.

Le premier verre n'est guère destiné qu'à ouvrir le passage aux verres qui suivront.

Comment s'étonner après cela que la cervelle des passagers s'échauffe, et qu'ils soient les premiers à exciter le capitaine dans ces courses folles qui ont eu si souvent pour résultat l'explosion de la chaudière et la mort de centaines de personnes? Les femmes elles-mêmes applaudissent, et on raconte ce fait dont l'authenticité n'est pas douteuse.

Une femme de Cincinnati, cette ville célèbre par son grand marché aux cochons et l'usine si originale où cet animal est tué, salé, découpé, etc., à la mécanique; une femme de Cincinnati, dis-je, venait de s'embarquer avec un lot considérable de jambons en destination de la Nouvelle-Orléans.

Une course de vitesse s'engage entre le bateau qu'elle monte et un autre steamboat. Le bateau qui porte la citoyenne de Porcopolis, dépassé par l'autre, fait les plus grands efforts pour le rejoindre et le vaincre.

Les passagers, oubliant le danger, font la chaîne pour passer les fagots, et l'enthousiasme de l'équipage répond à celui des voyageurs. Le bateau gagne sur le rival jusque-là heureux; mais à quel prix: Les deux cheminées hautes sont blanchies par la chaleur, et l'une d'elles fond entièrement, incendiant le pont qui flambe autour de sa base.

Partout des crépitements sinistres annoncent une catastrophe. Personne n'y prend garde, on ne voit qu'une chose : c'est que le steamboat gagne toujours de vitesse sur son adversaire, qu'il va bientôt le rejoindre et le dépasser.

Mais, ô contretemps fatal ! Le capitaine, la tête en feu, dominant le bruit général, s'écrie avec un geste de désespoir :

— Messieurs, il faut cesser la lutte, car tout le combustible est épuisé!

— Pas encore ! répond l'héroïque propriétaire du Cincinnati; j'ai des jambons : qu'on les prenne!

Un cri d'enthousiasme et d'admiration s'échappe de toutes les bouches. On court aux jambons, qui sont lancés dans la fournaise. Le steamboat n'éclate pas, et il arrive le premier.

En débarquant à la Nouvelle-Orléans, les passagers reconnaissants firent frapper une médaille commémorative qu'ils offrirent solennellement à cette femme dont le désintéressement égalait le courage, et qui préféra la gloire aux jambons.

En partant de la Nouvelle-Orléans, les principales stations sont : Bâton-Rouge, sur la rive gauche, capitale de la Louisiane, Natchez, Vicksburg, dans l'État de Mississipi, sur la rive droite du fleuve, et du même côté Memphis.

On arrive ensuite au confluent de l'Ohio et du Mississipi qui perd là son nom et se dirige vers Saint-Louis. À la bifurcation se trouve la petite ville de Cairo (le Caire). En suivant l'Ohio on arrive à Louisville, état de Kentucky. Puis viennent Cincinnati et Pittsburg, état de Pennsylvanie, où s'arrête à peu près la navigation.

Le touriste, maître de sa personne et de son temps comme nous l'étions le colonel et moi, ne manque jamais de s'arrêter à Louisville pour faire connaissance avec l'État du Kentucky et visiter la fameuse cave Mammoth, où l'on peut voyager sur les eaux d'un fleuve souterrain et pécher des poissons sans yeux.

C'est ce que nous fîmes. Le chemin de fer nous conduisit jusqu'à la station de Cave-city située à dix milles de l'embouchure de la caverne.

Rien de plus attrayant que ces dix Milles à parcourir dans un pays qui a conservé sa physionomie de l'époque des Indiens.

De temps en temps nous apercevons des cerfs et des troupeaux de dindons sauvages. Partout la nature nous apparaît empreinte de ce caractère de grandeur qui frappe l'Européen en Amérique, où tout semble incommensurable.

En arrivant à destination, nous descendons dans le Mammoth cave-hotel, situé à peu de distance de l'entrée du souterrain.

Mammoth-Cave
Mammoth-Cave

Des guides, torches allumées, nous conduisent en excursion dans les profondeurs de la caverne, où des tableaux merveilleux vont se dévoiler à nos yeux.

Ce qu'on pourrait appeler le premier étage de la caverne n'est ni bien grand ni curieux. Des spéculateurs recueillent là le salpêtre qui se détache en abondance des parois humides de la grotte.

Mammoth-Cave
Mammoth-Cave

Le second étage, qu'on nomme l'Alhambra, est une féérie des Mille et une Nuits. Tout ce que la mosaïque orientale a pu combiner de plus varié, de plus capricieux, de plus éblouissant, est surpassé par la nature.

Les stalactites éclairées par les torches inondent la caverne des couleurs les plus riches; l'opale se mêle au diamant, l'émeraude à la turquoise, dans ce palais enchanté dont aucune description ne saurait donner une juste idée.

Mammoth-Cave
Mammoth-Cave

Il faut avoir vu ces merveilles pour comprendre ce que le sens de la vue peut apporter en nous de charme saisissant.

Quel décorateur pourrait imaginer ce fouillis sublime de rosaces, de girandoles, de treillis, d'encadrements cintrés, de portiques à colonnettes de jaspe et de porphyre, aux chapiteaux d'or et d'argent, aux cascatelles de diamants, aux fontaines d'où semblent couler des flots de topazes et de rubis?

Cela se voit et s'admire, mais cela ne s'imite pas plus que cela ne peut se décrire.

Quand fatigué, mais non rassasié par la contemplation de cette symphonie du regard, éprouve le besoin de quelque repos, on passe au troisième étage où se trouve ce qu'on appelle le cimetière turc.

L'illusion est complète : des tombes musulmanes couronnées de turbans sont partout dispersées et entremêlées de cyprès. Les cyprès sont formés de concrétions basaltiques qui semblent avoir été taillées par le ciseau du sculpteur.

Des ruines ajoutent à l'effet du tableau et servent de contraste à une mosquée surmontée de minarets, dont une partie seule s'est écroulée. On croit entendre la voix dolente du muezzin appelant les morts à la prière.

L'étage au-dessous, c'est le désert aride et sablonneux. Aussi loin que la vue peut s'étendre à la lueur vacillante des torches, tout est solitude et désolation. Çà et là seulement un tertre dénudé, tumulus mystérieux de quelque mastodonte, animal gigantesque appartenant à la première manière du Créateur.

Que manque-t-il à cette imitation de désert pour paraître un désert véritable? rien que le défilé d'une caravane dans le lointain marchant au son rythmé d'une de ces mélodies orientales vagues et rêveuses qui peignent à l'oreille la civilisation de tout un peuple.

En descendant plus bas encore, le désert disparaît, et l'on se trouve dans l'intérieur d'une imposante basilique. Le style gothique a remplacé le style byzantin du second étage, bien que nous retrouvions les stalactites colorées que nous avons admirées plus haut. Ici encore l'œuvre des hommes s'efface devant l'œuvre de la nature.

Admirez la hardiesse de la construction et le prodige des détails. Partout les plus délicates, les plus audacieuses nervures dessinent leurs tailles sveltes, isolées ou réunies en faisceaux.

Des ogives aériennes d'où se détachent des pendentifs de Modène et de Valence ciselés avec une rare perfection ; des rosaces à jour, des lustres dessinés par Benvenuto Cellini, et allumés de mille feux rouges, bleus, verts, oranges, or et argent; des guirlandes de neige sculptées sur lesquelles se dessine l'arc-en-ciel ; des tourelles et des clochetons, tout le luxe en un mot du style gothique, mêlé, par je ne sais quel tour de force artistique, aux caprices d'une imagination folle, quoique toujours harmonieuse.

L'autel est là; des rangées de pilastres l'environnent. Le regard étonné se perd dans la perspective des contreforts, doucement éclairés par une pénombre mystérieuse.

Au sortir du temple, quel contraste ! À cet étage inférieur, bien digne de figurer dans l'enfer de Dante, tout est horribles crevasses, gouffres sans fond, épouvantables abimes.

Ces larges blessures d'une nature en convulsion sont traversées par des ponts mobiles formés d'une simple pièce de madrier au delà desquels se montre la mer Morte.

Cette mer, d'une placidité immuable, encaissée dans les profondeurs de la terre, n'a jamais ressenti le moindre souffle du vent.

Elle est peuplée de têtards aveugles de naissance. Ils avaient des yeux autrefois, et on en voit la trace; ils n'en ont plus maintenant qu'ils seraient inutiles dans les ténèbres.

Les conditions si diverses dans lesquelles se sont trouvés placés les animaux, ont certainement contribué au développement de certains organes chez les uns, et à l'atrophiement de ces mêmes organes chez les autres; de même qu'elles ont peu à peu amené des modifications dans toutes les parties de leur corps.

Peut-être ce que nous appelons les races d'animaux n'ont-elles pas toujours été ce qu'elles sont; peut-être le milieu dans lequel les types premiers se sont trouvés placés par suite des révolutions qui ont si longtemps bouleversé notre globe, en changeant les conditions de l'existence, a-t-il aussi transformé l'animal.

Sans doute ce travail de transformation n'aura pu s'opérer qu'à l'aide des siècles ; mais que sont les siècles, dans l'accomplissement des œuvres de la nature qui est éternelle! Il y a là tout un système de création animale, ou plutôt de modification animale, que je ne développerai pas ici : Non erat hic locus. Je constaterai seulement que les poissons de Mammoth-Cave avaient primitivement des yeux et qu'ils n'en ont plus aujourd'hui.

En seraient-ils doués de nouveau, toujours à l'aide des siècles, s'ils se trouvaient exposés à la lumière? Il est permis de le croire. Quoi qu'il en soit, la vue de cette mer souterraine, dont les eaux sont froides et sans saveur, me causa  une des plus vives impressions que j'aie jamais ressenties.

Un homme pourtant vit dans ce sinistre lieu, monté sur un batelet, attendant le moment ou des curieux viendront faire sur cet autre Léthé une promenade mythologique.

Nous primes place dans le bateau, et le bruit cadencé des rames remplit ce monde silencieux de rumeurs fantastiques.

Après une promenade assez longue et qui eût pu être infiniment prolongée, car l'intérieur de Mammoth-Cave a dix lieues de longueur, nous regagnâmes le bord.

En sortant du batelet, le colonel demanda aux hommes qui nous avaient conduits, s'il n'y avait pas dans le Mammoth-Cave un endroit plus profond encore à visiter.

— Il y a le Maelstrom, répondit un des guides, le maelstrom qu'on croyait, il y a quelques semaines encore, inaccessible à tout être humain.

— Comment cela ? Demandai-je au guide.

— Parce que, me répondit-il, pour descendre dans certains précipices, il ne faut pas seulement faire bon marché de son existence, il faut aussi posséder un sang-froid dont peu d'hommes ont donné l'exemple, et pouvoir dompter ses nerfs.

— Néanmoins, d'après ce que vous dites, quelqu'un est descendu dans le Maelstrom ?

— Oui, reprit le guide, cela a été fait par un jeune homme de Louisville. Vous avez pu lire les détails de ce voyage souterrain dans les journaux, d'après une lettre écrite par un Américain du Kentucky ; mais cette version n'est pas exacte de tous points, et je suis à même de rétablir les faits dans toute leur vérité.

— Racontez-nous cela, dit le colonel. Nous sommes ici admirablement encadrés pour donner à votre récit toute la mise en scène désirable.

— Volontiers, reprit le guide, qui après s'être introduit dans la bouche une chique de tabac, s'exprima en ces termes

Jusqu'à l'exploration que je vais vous raconter, aucun mortel n'avait osé pénétrer à plus de quelques yards dans cet abîmes de la plus grande caverne du monde. Des milliers d'individus ont plongé la vue avec terreur dans le Maelstrom, tandis que les feux de Bengale y étaient en vain projetés pour tâcher d'en reconnaître le fond.

Le propriétaire de cette effrayante caverne avait offert six cents dollars au célèbre guide Stephen, connu par son intrépidité, s'il consentait à atteindre les profondeurs du gouffre et à rendre compte de son excursion périlleuse.

Une pareille somme était bien faite pour tenter Stephen, habitué à vivre péniblement du prix de ses modestes journées quand il travaillait ; néanmoins Stephen refusa. Il y a quelques années, un professeur du Tennessee, homme instruit autant que déterminé, voulut entreprendre ce que nul avant lui n'avait osé tenter.

À cet effet il fit de longs préparatifs, et le jour venu, il se laissa glisser dans l'abîme à l'aide d'une forte corde. Il descendit ainsi à environ cent pieds, mais, arrivé à cette profondeur, il sentit sa raison s'égarer, sa poitrine s'oppresser, une frayeur invincible s'emparer de lui, et il crut qu'il allait devenir fou. C'est avec horreur qu'il donna le signal convenu pour le remonter.

Arrivé à l'embouchure du précipice, il s'évanouit. Plus tard, il avoua que l'effet d'épouvante qu'il avait ressenti était tel, en touchant la première galerie, que, plutôt que de recommencer, ce voyage infernal, il préférerait se donner la mort.

Depuis celle époque, une forte somme a été tenue offerte à quiconque tenterait l'aventure; beaucoup ont essayé, personne n'avait accompli jusqu'au bout l'exploration.

Dernièrement un jeune homme de Louisville manifesta l'intention de descendre jusqu'au fond de l'abîme.  Il eut avec le docteur Wright l'entretien suivant :

— Vous ne savez pas, jeune homme, lui dit le docteur, à quoi vous vous engagez, en voulant faire cette exploration à laquelle ont renoncé les hommes les plus intrépides.

La volonté est limitée en nous par l'action du système nerveux, et, quand nous voulons forcer par trop notre volonté en contrariant les instincts de notre existence, la raison fuit, le vertige s'empare de notre esprit, une terreur indomptable succède alors, puis les convulsions arrivent, et c'est la mort.

—Je ne crains rien de tout cela, répondit tranquillement le jeune homme, et ce ne sera point en faisant violence à ma nature, comme vous le craignez, que je descendrai jusqu'au fond du Maelstrom.

— Vous n'avez donc jamais eu peur ? demanda le docteur.

— Jamais, en effet, répondit le jeune homme; c'est un sentiment dont je ne puis même me faire une idée exacte.

— Comment ! Il se pourrait que vous soyez insensible à la crainte"

—C'est comme je vous le dis.

— Vous n'avez jamais eu d'angoisse?

— Jamais.

— Pas même en rêve?

— Pas même en rêve.

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(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis