Lionel Lejeune
Fleurus | |||||||||||||||||||||||||||
lSS Fleurus : Trois frères travaillaient sur le Fleurus ; Raymond Duval, capitaine, Paul Émile Duval, steward, Roland Duval, garçon de table. Ils étaient originaires de Charny.
M. Lejeune me raconte que le capitaine Duval a demandé à François Faure de faire installer un radar pour améliorer la qualité de la navigation, parce qu'il y avait en moyenne 40 jours de brouillard par an.
Le Fleurus, selon M. Lejeune, était toujours à l’heure malgré le brouillard et l'absence de radar.
M. Faure lui a répondu qu'il ne voyait pas la nécessité d'installer un radar, mais que si le capitaine voulait défendre son point de vue auprès des administrateurs il ne s'y opposerait pas.
Un radar fut installé et, dès le premier voyage du Fleurus après l'implantation de cette technologie, le navire alla s'échouer à L'Anse-au-Griffon, Gaspésie. Il n'y eut pas trop de dégâts. |
Baron Louis Empain | |||||||||||||||||||||||||||
Visite du baron Louis Empain : M. Lejeune me raconte que le baron Ampain, un Belge, vint à l'île vers 1933 ou 1934 à bord d’un trois-mâts nommé L'Oiseau blanc (maintenant Xarifa).
L'équipage était portugais. Le navire alla s'échouer à l’Anse-aux-fraises et par la suite on le remorqua à Port-Menier. Il y avait « plein de filles à bord ».
Les passagers se sont rendus à Gaspé à bord du Jolliet parce qu'on avait interdit que ceux-ci demeurent sur L’Oiseau blanc pendant son voyage à Gaspé où il fut inspecté par des plongeurs.
De Gaspé, le navire s'est rendu à Québec, puis à Montréal ; entre ces deux localités, le navire a encore une fois échoué. On a lancé un SOS.
L'épouse du baron était une fille d’une famille belge propriétaire d'une agence de voyages. Il s'agit de la famille de François Hane [?]. |
(cliquez sur l'image pour agrandir)
Les grands voiliers ont ce point commun avec les oeuvres d'art qu'ils traversent les siècles, en passant de main en main, sans jamais se démoder.
À bientôt 82 ans, Xarifa, un superbe trois-mâts de 45 mètres, n'a pas pris une ride et, tristement amarré au quai central du port Hercule, attend de trouver acquéreur... pour la modique somme de 5,5 ME.
Construit en 1927 par les chantiers britanniques J.S. White & Co Ltd, d'East-Cowes, pour Franklin Morse Singer, un des nombreux enfants du roi de la machine à coudre du même nom, la goélette à coque d'acier a connu de nombreux prestigieux propriétaires.
En effet, avant d'être présenté sur le marché par le broker monégasque Ivaldi Yachting, et après avoir brièvement appartenu à Franklin M. Singer, Xarifa a changé de main en 1930.
« Une belle carrière sportive »
Cette année-là, son nouveau propriétaire, l'homme d'affaires anglais et patron de presse Edward Mauger, le rebaptise Radiant et laisse des traces de ses navigations dans les chroniques des journaux des deux côtés de la Manche.
Cinq ans plus tard, en 1935, le baron Louis Empain, président de la ligue maritime belge, achète Xarifa dont il prend livraison au port de Porsmouth, dans le sud de l'Angleterre, au printemps 1936.
Dans un mensuel maritime belge de l'époque on peut alors lire : « Nous apprenons avec grand plaisir que Monsieur le Baron Louis Empain s'est rendu acquéreur d'un schooner auxiliaire à 3 mâts de 380 tonneaux.
Ce yacht prendra alors le nom de l'Oiseau-Blanc est l'ancien Radiant, ex-Xarifa... Il est certainement une des plus belles unités actuellement à flot. Par l'acquisition de cette belle unité, le Baron Louis Empain se place définitivement à la tête du yachting Belge. Nous le félicitons bien sincèrement et souhaitons à L'Oiseau-Blanc une belle carrière sportive. »
Expéditions scientifiques dans le Pacifique
Pour une traversée jusqu'au Canada, L'Oiseau-Blanc, commandé par le capitaine belge Carlier, compte jusqu'à 40 membres d'équipage.
Mais le baron Empain revendra rapidement son voilier majestueux. Probablement en 1937 ou 1938. Il prendra alors différents noms sous plusieurs propriétaires mal connus: Capitana, Georgette, Capitone.
En 1951, on retrouve la trace de Xarifa lorsque l'explorateur allemand Hans Hass rachète le trois-mâts pour un million de marks, et lui redonne son nom d'origine. Débute alors une série d'expéditions scientifiques pendant 10 ans dans l'Océan Indien et le Pacifique.
Ce n'est qu'à partir de 1960, lorsque Carlo Traglio, un Italien fortuné résidant en Principauté en fait l'acquisition, que Xarifa prend la destination des eaux monégasques. Décédé en mars 2008, Carlo Traglio habitait ces dernières années sur son voilier.
Bien conservé, Xarifa attend désormais un nouveau propriétaire pour perpétuer son histoire au travers des océans. Hélas, dans la tempête financière de ces derniers mois, Xarifa devra sans doute attendre une embellie... que personne ne voit encore venir.
Louis ne joue guère de rôle dans la gestion du groupe. Son épouse, Geneviève Hone, en donne une description attendrissante (p. 246).
Hors du temps et de la saga Empain, il était l'être pur qui, après avoir reçu l'illumination au bord du Saint-Laurent, décide, à l'instar des chevaliers du moyen-âge, non de partir à Jérusalem, mais de donner ses biens aux pauvres.
C'est la chance de son cousin Edouard, -fils de François autrefois exclu-, qui recueille quelques postes d'administrateur. Enghien revient donc au pouvoir.
Louis s'est coupé du monde des affaires et bientôt de sa famille. Qualifié d'homme excessif par son fils Michel, Louis Empain aurait bien voulu attaquer les lois capitalistes pour vivre selon l'Evangile (p.255). Heureusement que son père lui en avait donné les moyens : un don d'un milliard et demi à Pro Juventute.
Quant à ses positions, quelques peu critiquables vis-à-vis des théories rexistes, Toussaint en parle avec modération. Cette qualité de l'auteur mérite d'être relevée. Présente dans tous ses jugements, il y a toujours le pour et le contre, l'extrême et le pondéré. Il se demande : cet humaniste a-t-il aimé les hommes?