M. Bradley | |||||||||||||||||||||||||||
M. Bradley vivait à Chaloupe-Creek et est venu à Port-Menier lorsque M. Jean Poulin avait une vingtaine d'années. Il était malade et venait se faire soigner.
Il habitait chez Alfred Malouin à la Baie-Sainte-Claire. M. Jean s’en souvient très bien, car il arriva en été et avait sur la tête un chapeau de fourrure.
Il retourna à Chaloupe-Creek et mourut le 19 décembre 1918 à la Pointe Sud (gardien : M. Émile Laprise).
Il y est inhumé. M. Poulin me dit que sa maison était tenue dans un très grande propreté. Il était interdit d'y entrer avec ses chaussures.
Il y avait près de la porte des pantoufles de toutes les pointures que les visiteurs devaient utiliser pour rentrer dans la maison. |
Poulin (Ernest) | |||||||||||||||||||||||||||
M. Ernest Poulin est né à l’Anse-aux-fraises en 1896 et est présentement âgé de 79 ans et trois mois. Son père vivait de la pêche. Il est le frère de M. Jean Poulin et c’est un raconteur émérite.
À l’âge de 14 ans, en 1910, il travaille un été à Fox Bay comme showboy pour McGaniger (?), le responsable de la homarderie.
Il y avait également un chef boiler et deux autres hommes de l’usine, de même que sept ou huit femmes du Nouveau-Brunswick. Elles étaient anglophones et mettaient le homard en canne.
L’eau douce venait d’une rivière ou d’un lac. L’usine était munie d’un plancher de béton et de trois gros boilers pour cuire le homard. Ce dernier était ramassé par bateaux de pêcheurs ou par des gens autour de l’île.
M. Poulin a ensuite travaillé comme showboy dans le Grand Camp, où habitaient 200 hommes qui travaillaient pour Ashbaugh.
Il a également travaillé comme bûcheron pour Ashbaugh en 1910 et 1911. Il transportait le bois du lac Supérieur en empruntant le chemin qui aboutit derrière la ferme Saint-Georges et déversait sa charge de bois en longueur sur la surface gelée du lac. On ne bûchait alors que l’hiver.
Ce bois était scié en morceaux de deux pieds et débarrassé de son écorce par les écorceuses du moulin à pulpe.
Il a travaillé sur les écorceuses et a gagné un fusil, qu’il a échangé contre une bicyclette, ne pouvant garder un fusil sur l’île.
Il a bûché derrière le lac Faure, qui se nommait à cette époque lac Loiselle. Il a été pendant 22 ans garde des rivières Patate et Saumon, et à Fox Bay.
On ne recevait pas les touristes à Fox Bay et on y pêchait surtout le homard l’été; l’hiver, on chassait le renard, la loutre et le rat musqué.
On chassait le castor le printemps seulement. Il a tué un nombre considérable d’ours au cours de ce séjour de 22 ans (de 1928 à 1950). Il a épousé deux femmes et eut 15 enfants.
Il a travaillé à Port-Cartier. Il prétend qu’il a déterré accidentellement Louis Olivier Gamache. Ce dernier aurait été enterré debout dans un tonneau de vin vide et près de la maison Lejeune (c’est faux).
Le Cap blanc était de taille considérable. On l’a dynamité pour construire le quai. |
Louis Olivier Gamache - ossements | |||||||||||||||||||||||||||
Louis Olivier Gamache et son épouse
Le 22 août 1975, au cours d’une visite de la pointe du Château et des alentours, les personnes ci-dessous mentionnées ont fait la découverte de deux crânes humains de même que des restes de squelettes, vertèbres, fragments de côtes et radius. Il était 11 heures du matin.
Après une visite des deux maisons des Lejeune (valets des Menier), fort endommagées par des vandales, nous nous sommes dirigés vers la tombe de Gamache.
J’avais remarqué que le chemin fait à l’aide de bulldozers avait été tout récemment pratiqué à l’intérieur du lambeau de forêt qui sépare les deux maisons Lejeune de Port-Menier.
Ce nouveau chemin passait à quelques pieds seulement du tombeau de Gamache et se dirigeait, parallèle à la mer, sur une distance de 200 ou 300 pieds vers Port-Menier.
Des poteaux avaient été coupés à ras le sol. Une côte à pente légère permet donc d’atteindre l’arrière de l’enclos qui entoure la plaque indiquant l’endroit où est enterré Gamache.
En nous retournant pour regarder les maisons des Lejeune, nous avons aperçu, dans le repli ou le rebord gauche de la côte, un crâne; puis un second reposait à la surface du sol, sur les cailloux provenant du creusage du chemin à l’arrière de l’enclos.
Une recherche soigneuse permit de localiser au même endroit de même qu’à une dizaine de pieds plus loin, vers la maison Lejeune, des vertèbres et un radius et quelques fragments de côtes d’humains. Les crânes étaient ceux d’un homme et d’une femme.
Étant donné leur localisation et sachant que le tracteur a poussé le gravier depuis l’arrière du tombeau de Gamache (en direction des maisons Lejeune) vers un endroit plus bas, il est plus que probable que les fragments de squelette soient ceux des Gamache, mari et femme.
Nous avons appris qu’en 1947 un groupe d’ouvriers forestiers à l’emploi de la Consol a, après s’être enivré, déterré les ossements de Gamache et de son épouse et s’est baladé dans le village de Port-Menier avec les crânes au bout d’un bâton.
On avait également monté l’enclos (la clôture) dans une boîte de camions de même que la planche qui indiquait la tombe.
Ces personnes ont remis les ossements aux hauts responsables de la Consol qui les ont enfouis quelques dizaines de pieds plus loin que l’endroit original.
Mentionnons que la Consol effectuait un élargissement du chemin près de la mer et utilisait le gravier le long de la route pour effectuer ces travaux.
C’est au cours de ces opérations que les employés ont volontairement pris le gravier qui se situait en face et sous l’emplacement où reposait Gamache et son épouse. Immanquablement, les squelettes ont été dégagés.
Plus tard, après la mise en terre des ossements dans un trou, la Consol fit construire un nouvel enclos, qui existe toujours à l’heure actuelle, quoiqu’en très mauvais état.
Il est probable que l’enclos et la « planche tombale » n’ont pas été mis au-dessus de l’endroit où l’on avait enterré les ossements, mais plutôt vers la mer.
Une recherche par le creux de l’endroit actuel permettrait de découvrir si les ossements s’y trouvent ou non.
Un fait important à signaler est que M. Johnny Francis de Port-Menier a conservé la mâchoire (ou les mâchoires) des squelettes déterrés en 1946.
Les crânes trouvés étaient dépourvus de mâchoire et nous n’avons pu les localiser.
Après avoir ramassé tous les ossements visibles à la surface du sol, nous les avons déposés dans un sac de plastique et je les ai conservés dans la maison de Baie-Sainte-Claire (maison du Douanier ou de Jean Poulin) durant le reste de mon séjour à l’île.
Après avoir longuement réfléchi sur le sort des restes du couple Gamache (devais-je les remettre aux résidents de Port-Menier, les enterrer à l’endroit actuel, les conserver chez moi, les enfouir à un endroit où l’on respecterait les restes de ces deux personnes ?), j’ai décidé de les enfouir à un endroit que je serais seul à connaître et qui servirait de site temporaire en attendant de faire connaître cette découverte au public et de choisir un site permanent.
Les personnes suivantes ont été témoins de cette découverte : Mlle Marie-Jeanne Ouellet, le Dr Jean-Marie Perron, Charles Coulombe et Gérard Laroche, ainsi que moi-même.
Sépulture des ossements découverts près du tombeau actuel de Gamache.
Le 27 août 1975, après le départ de Gérard Laroche et de Charles Coulombe pour Port-Menier, je place les crânes et les ossements dans un sac de plastique noir et place celui-ci dans huit autres du même matériel
Des photos noir et blanc des ossements et crânes ont été prises avant de les placer dans les sacs.
Muni d’une pelle, de mon appareil photo et d’un galon à mesurer, j’ai quitté la maison du Douanier en direction de l’endroit que j’avais choisi pour enterrer les restes des époux Gamache.
J’atteignis l’endroit 15 minutes plus tard et creusai un trou d’environ trois pieds de profondeur.
J’y déposai les ossements et recouvrai les sacs de contenants en matière plastique blanche afin d’empêcher l’eau d’atteindre directement les sacs. Ceux-ci reposent sur le gravier et le tout est recouvert de matière organique.
Une pierre provenant du four à chaux a été placée sur le récipient. Une seconde pierre du four à chaux fut placée sur l’endroit où se trouve la première pierre et des débris de végétaux furent répartis tout autour afin de ne laisser aucune trace.
Au cours de l’opération, j’ai pris de nombreuses photos.
(Apparaît ici un plan du cimetière des Anglais)
M. Arthur Renaud me raconte qu’en 1927 ou 1928, on a pour la première fois déterré accidentellement la tombe de Gamache lorsqu’on voulut réparer le chemin menant au Château. La légende veut que les ossements furent lancés à la mer. |