Jean Poulin
Anse-aux-Fraises | |||||||||||||||||||||||||||
Les trois personnes suivantes, ainsi que leurs familles, ont été chassées de l’île en 1900 par le directeur, M. Martin-Zédé, pour avoir refusé de vendre leurs propriétés de l’Anse-aux-fraises aux propriétaires de l’île.
Ces trois personnes possédaient les plus grands terrains et les meilleures installations de même que les animaux domestiques.
Il s’agit de Philias Bezeau, grand-père de Jean Poulin, de Frank Bezeau et d’Anthyme Noël, oncle de M. Poulin.
Le premier s’est établi à la rivière Pentecôte, les deux autres, à la rivière au Tonnerre. Aucun d’eux n’est revenu à l’île. Cependant, Romain Bezeau, petit-fils de Frank, y habite maintenant.
C’est une goélette qui a transporté les familles hors de l’île en novembre 1900. Les autres habitants de l’Anse-aux-fraises ont accepté l’offre de Martin-Zédé. |
Braconnage | |||||||||||||||||||||||||||
Marte et renard vs les bûcherons : les bûcherons sortaient beaucoup de pelleterie de l’île et M. Jean Poulin confirme l’histoire du braconnage de la marte à l’aide de pièges pratiqués dans les troncs d’arbres ou l’on avait creusé un trou, mis un appât et planter des clous dans le rebord de l’orifice avec la pointe orientée vers l’intérieur. L’animal pris mourait atrocement.
Pour sortir les peaux de l’île sans se faire prendre, les bûcherons vidaient les colliers (licou) des chevaux et remplaçaient la paille par les fourrures.
Braconniers : ils étaient assez nombreux sur l’île et il arrivait souvent qu’on en capture.
Ces braconniers recevaient une amende de 10 $ pour être entrés illégalement sur l’île et, à défaut de payer, travaillaient deux ou trois semaines pour les Menier ou la compagnie. Ils étaient chassés de l’île au printemps.
Le chef-garde, M. Galibois, avait droit de surveillance sur la mer et la terre. Il était assisté de quatre adjoints.
Il a capturé de nombreux braconniers qui osaient s’aventurer sur la batture au lieu de demeurer cachés dans les bois.
Un des plus grands braconniers de Havre-Saint-Pierre, un dénommé Poitras, fut capturé sur l’île avec en sa possession de nombreuses peaux de castor et de renard.
Sa dextérité comme trappeur impressionna tellement qu’on lui offrit de demeurer sur l’île comme garde-chasse, ce qu’il accepta. Il demeura quelques années à la rivière Becsie. |
Séjours | |||||||||||||||||||||||||||
M. Jean a passé 43 ans de sa vie comme garde-chasse, dont 23 autour de l’île et 20 à la rivière Jupiter.
Sa vie autour de l’île (« retranché du monde ») a été marquée par de nombreux événements. Neuf mois seuls à la rivière Patate par exemple : personne pour garder la maison chaude et préparer ses repas; lorsqu’il revenait de lever ses tentures, il arrivait dans une maison froide et sans vie. Les années passées à Chaloupe-Creek (15 ans) ont été ses plus heureuses. |
Les loisirs | |||||||||||||||||||||||||||
Comme loisir, il y avait, l’été, la pêche et les randonnées en chaloupe.
Ils devaient marcher 20 milles pour aller rencontrer le voisin situé à la Pointe Sud, où l’on dansait au son de la musique (accordéon et violon) que jouait M. Poulin.
On revenait le lendemain. Les soirs d’hiver, on dansait en famille ou Mme Poulin lisait une histoire aux enfants.
Ceux-ci glissaient en traîneau, se promenaient en raquettes, etc. Il y avait un traîneau avec une voile pour glisser sur la croûte.
La chasse aux lièvres, les soirs d’hiver au clair de lune, était un passe-temps agréable. |
Le travail | |||||||||||||||||||||||||||
Mais la plupart du temps, les soirées et les fins de semaine étaient accaparées par le travail; le cannage du saumon, par exemple (coupé et mis en canne avec un petit morceau de lard, puis scellé avant d’être bouilli pendant trois heures), pour la consommation de la famille.
On cultivait un jardin et on gardait une vache et un cochon. Un cheval a également été ajouté à ce cheptel, mais seulement les dernières années de leur passage à Chaloupe-Creek.
La maison avait deux étages et une cave (on y conservait les légumes). L’été, on avait l’eau à la pompe (puits); l’hiver, on transportait au seau et on remplissait un baril placé dans le coin de la cuisine.
L’été, on avait de l’eau chaude grâce à un réservoir dans le grenier; un tuyau passait dans le poêle pour réchauffer l’eau.
On enlevait la peau de renard immédiatement au piégeage après l’avoir tué; s’il était mort et gelé quand on arrivait, on devait le transporter à la maison (ou pavillon) pour le faire dégeler avant d’enlever la peau.
Les peaux enlevées près du piège étaient roulées de façon serrée pour être transportées plus facilement. |
Notes généalogiques - Jean Poulin | |||||||||||||||||||||||||||
Le grand-père de M. Jean Poulin est arrivé à l’île vers 1870-1872.
Il était originaire de la Mecque, Nouveau-Brunswick. Le père de M. Jean était âgé de deux ans lorsqu’il arriva à l’île.
Le grand-père de M. Poulin est mort à l’âge de 96 ans et n’a jamais cessé de travailler un seul instant.
Il mourut en coupant du bois de chauffage. Le père de M. Jean est décédé à l’âge de 86 ans. Ils sont enterrés à l’île. |
Johnny Francis | |||||||||||||||||||||||||||
M. Francis (le père de Johnny Francis) fut trouvé mort sur le rivage de l’île d’Anticosti par M. Létourneau. |
Notes | |||||||||||||||||||||||||||
La source d’eau salée était et à 3,5 milles en amont de la rivière (le spectacle de la montée des saumons était extraordinaire).
M. Poulin a traversé en forêt de la rivière Saumon à la rivière Chaloupe en 12 heures (en raquettes).
Jamais ils n’ont été incommodés par les moustiques, il n’y en avait pratiquement pas. |