La crise de 1919 | |||||||||||||||||||||||||||
Agriculture
Un événement inattendu et aux répercussions qui auraient pu mettre un terme au développement de l'île survint en 1919.
Le chef du service agricole, M. Raymond Marie Pucet, qui était sur le point de quitter l'île avec sa famille, avait mésestimé la quantité de fourrage produit sur l’île et indispensable à l'alimentation des nombreux bovins au cours des mois d’hiver.
Martin-Zédé avait engagé pour le remplacer un dénommé Joseph Yerly, qui arriva de la Suisse avec son épouse à l'automne de 1919.
Ce dernier, dès son arrivée, découvrit l'insuffisance de nourriture pour les animaux de la ferme et une engueulade s'ensuivit avec M. Pucet.
L'erreur était de taille ! On lança un appel à Ottawa pour que l'on fit parvenir du foin à l'île.
Il était trop tard, la fin de la saison de navigation étant déjà très avancée. On rationna tout d'abord chevaux et bovins, puis on abattit les génisses.
Le lait ne fut plus distribué qu’aux enfants du village. Ce qui restait servit à nourrir les veaux, avant que l'on décide de les tuer.
Les réserves s'épuisaient rapidement et on envisagea d'abattre le troupeau pour éviter que les animaux ne meurent de faim.
Afin d'éviter un tel massacre, on décida de nourrir les animaux avec de l'écorce d’aulne et de peupliers que l'on enlevait des arbres en petites lanières à l'aide de planes (couteau à deux manches).
La consommation de ces morceaux d'écorce eut pour effet d'entraîner une diarrhée terrible chez les animaux.
On se vit dans l'obligation d'abattre la moitié du troupeau laitier même si ce faisant on allait priver la population (sauf les enfants) de lait, mais également de beurre et de crème. |
Coupe de bois | |||||||||||||||||||||||||||
En 1926-1927, on coupait du bois de pulpe, entre autres à la rivière Becsie. Une estacade contenant 1100 cordes de bois étaient tirées par un petit bateau-remorqueur jusqu'à Port-Menier.
Souvent, à son arrivée, il ne restait que 200 cordes et… 11 goélands perchés sur les billots.
Les bûcherons venaient principalement de la Gaspésie. En 1928-29, on tenta de transporter le bois en javelles ( bundles) dans des vracquiers.
Le bois, en longueur de 12 ou 16 pieds, était lié en paquets à l’aide de chaîne puis chargé dans des vracquiers depuis le site des Trois-Ruisseaux, Becscie ou au quai de Port-Menier pour chargement.
Au moment de la sortie des paquets de l'eau pour être descendus dans la cale des navires les chaînes se rompaient souvent.
Ce système de chargement fut rapidement abandonné (voir Scheult pour photo) et fit dire à monsieur Eugène Chevalier jr que « la quantité de chaines perdue au bout du quai ferait pencher l’île vers l’ouest » |
Avenir de l'île - 1926 | |||||||||||||||||||||||||||
Les trois options suivantes ont été envisagées pour l'avenir de l'île en 1926 :
M. Charles Donahue, propriétaire de la compagnie de pâtes et papiers de Clermont et ami de Gaston Menier, rédige une entente que l'on peut décrire ainsi : la famille Menier conserve la propriété de l'île et la compagnie de pâtes et papiers exploite les richesses forestières.
Bref, la compagnie de Clermont et d'autres compagnies forestières (si nécessaire) exploiteraient la forêt et paieraient redevance à Gaston Menier qui demeurerait propriétaire d’Anticosti
Un Bill a été préparé pour être présenté devant le gouvernement du Québec en 1926 à l'effet que l'île soit déclarée parc provincial administré conjointement par le gouvernement du Québec et les Menier. L’étude Galipeau, Rochette et Gosselin ont rédigé le bill au coût de 5000 $.
Le chèque fut signé par M. Arthur Renaud en 1926. M. Rochette avait de belles photos de l'île.
Son épouse se nomme Athala Cuseault-Rochette et demeure à Sainte-Foy.
La troisième solution à l'impasse de 1926 consistait à vendre l'île, ce qui fut fait en août à l'Anticosti Corporation.
Cette vente fut facilitée grâce aux manoeuvres de Martin-Zédé, qui a précipité la vente par vengeance et profit. M. Martin-Zédé avait passé 31 ans sur l'île, des mois d'avril ou mai jusqu'à septembre ou octobre de chaque année et avait également investi, semble-t-il, de l'argent personnel à la suite d'une dispute avec Gaston concernant certains investissements dans un secteur d'activité à l’île.
Gaston, comme on l'a vu, avait dit à Zédé d’investir lui-même s'il croyait cela nécessaire, ce que Zédé fit avec joie. Au moment de la vente, Zédé, après avoir consulté un juriste, « découvrit » que le fait d'avoir séjourné plus de 30 ans sur l'île et (moins 3 années passées en France 1914 à 1917 à la guerre) d‘y avoir investi de l'argent personnel faisait de lui un copropriétaire de celle-ci.
Ces deux faits ont amené Zédé à exiger (ce qu'il aurait obtenu) 1 million de dollars de Gaston Menier (qui vendra l'île finalement 6 millions de dollars) et, pour avoir facilité la vente, 500 000 $ de l'Anticosti Corporation. La vente de l'île lui aurait donc été des plus profitables financièrement.
Il a fait un bref séjour l’île en 1927 et remit à l’Anticosti Corporation un rapport sur sa vision de l’exploitation des ressources de l’île pour lequel il reçut environ 26,000 $.
Il quitta les lieux en 1927 pour ne plus jamais y remettre les pieds, même s'il s'était réservé le droit de pêche sur la rivière Jupiter pour une durée de cinq ans.
La vente de l'île fut signée le 26 juillet 1926 par Gaston Menier, sénateur du département de Seine-et-Oise. |
Zédé - amis intimes | |||||||||||||||||||||||||||
M. Martin-Zédé avait deux amis canadiens très intimes
D'abord, M. Adélard Turgeon, orateur à l'Assemblée nationale, qui demeurait dans l'édifice du Parlement.
M. Turgeon donnait des «tips» politiques à Martin-Zédé qui le favorisait dans ses différentes négociations.
Il y avait également M. Taché, imprimeur du roi à Ottawa.
Ces messieurs allaient souvent à la pêche sur la rivière Jupiter.
M. Renaud fut, durant les cinq dernières années de l'époque Menier, le confident de M. Martin-Zédé à titre de secrétaire général et de comptable en chef. |
Agriculture | |||||||||||||||||||||||||||
Avant l'arrivée des Menier, l'agriculture était de l'ordre de l'artisanat. Quelques dizaines d'arpents avaient été défrichés à la Baie-Ellis (aujourd’hui Baie-Gamache), l’Anse-aux-fraises et à la Baie du renard.
On cultivait également quelques arpents de terre aux quatre endroits où le gouvernement canadien avait construit des phares : Pointe Ouest, Pointe Sud-Ouest, Pointe-Sud, et Pointe-aux-Bruyères.
On y cultivait des légumes pour les besoins domestiques, des céréales et du fourrage pour les animaux.
Un seul de ces endroits, le phare de la Pointe Sud-Ouest, connut un développement agricole important.
En effet, vaches, moutons, chevaux, porcs et volatiles faisaient qu’on atteignait l’autosuffisance.
Au contraire, on pratiquait une certaine forme de commerce en vendant des denrées aux goélettes et aux pêcheurs visitant la côte de l’île.
De plus, M. Edward Pope, gardien du phare, de même que le locataire de l’île à l'époque, M. Corbet, élevaient des vaches de race (Ayrshire) importées de la Nouvelle-Écosse. Quelques îlots de cultures ont été développés à d'autres endroits, tels que le Grand Lac Salé, les rivières Saumon, Vauréal, et McDonald, par des individus ou des familles.
On y trouvait parfois quelques animaux domestiques. Les rares visiteurs, aventuriers ou missionnaires, rapportent dans leurs écrits que l'agriculture donnait d'excellents résultats partout où on la développait.
La Baie-des-Anglais (English Bay) fut témoin de quelques tentatives sérieuses de développement agricole, de colonisation avant l'arrivée de H. Menier, environ 300 arpents y furent défrichés.
C'est à cet endroit que prit naissance, à la fin des années 1800, une rumeur qui se répandit sur les deux rives du Saint-Laurent.
Cette rumeur voulait que « les vaches d’Anticosti ne vivaient que deux ou trois ans, étaient maigres et mouraient empoisonnées».
Il fallut attendre l'arrivée de H. Menier pour trouver une explication rationelle à cette rumeur plutôt fondée…
Le docteur Schmitt, employé de monsieur Menier, décela une nécrose du foie chez les vaches malades et l'analyse du fourrage montra qu'une plante, qui poussait dans les zones de marée, contenait une substance toxique et provoquait une scirose du foie.
La destruction de cette plante par les labours et l'installation de champs de pâturage éloignés de la zone des marées mirent un terme à la mortalité des bovins et à la légende.
Il y a peu de développement agricole au XVIIe et XVIIIe siècles. Louis Jolliet ne défrichera que quelques arpents de terre.
Il faut attendre le début des années 1800 (1823) et l'arrivée du célèbre Louis-Olivier Gamache à la Baie de l’Ours, plus tard nommée Baie-Ellis et depuis 1984 Baie-Gamache pour que l’île connût un premier développement agricole véritable.
C'est à cette époque que la rumeur des vaches maigres et empoisonnées d'Anticosti parcourut le golfe.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le légendaire Gamache, contribua à mettre fin à cette légende.
Ce marin, pêcheur, chasseur et cultivateur, sorcier par plaisir et nécessité, avait une ferme couvrant une superficie de 600 arpents dont une partie était défrichée.
Il avait acheté cette propriété d’Antoine Hamel gardien du poste de provisions situé à cet endroit.
En plus de continuer l’exploitation agricole de Hamel et de l’agrandir Gamache fut également nommé gardien du poste de provision en remplacement de Hamel.
L'exploitation agricole de Gamache surprenait les visiteurs par ces dimensions, son rendement et ses constructions.
Cinq bâtiments de ferme, dont une écurie et une étable, pouvaient contenir chacune 20 animaux ; quelques dizaines d'arpents en pâturages et en plantes maraîchères témoignaient d'une prospérité certaine.
Lors de la visite de l’abbé Ferland en 1852, Gamache, alors âgé de 68 ans, lui dit en montrant un cheval :
« Voyez-vous, monsieur, on est porté à vivre vieux ici; l'air de la mer entretient la santé. Regardez mon poulain là-bas ; il n'est pas encore prêt à mourir.»
«Ce n'est pourtant pas une jeunesse, car il avait six ans quand il arriva ici, il y a bientôt 29 ans. » |
Arthur Renaud | |||||||||||||||||||||||||||
M. Renaud, de 1919 à 1921, est le troisième homme de l'île.
En 1921, il travaille pour la St-Raymond Paper. À l'automne de la même année, il revient à l'île et y reste jusqu'en 1929.
À partir de 1929 jusqu'à sa retraite, il travaille pour Gaston Pratt assureur (?) |
Tancrède Girard | |||||||||||||||||||||||||||
Tancrède Girard : un pamphlet aurait été écrit sur Tancrède par son père (le père Dollard Cyr).
Charles Cyr eut pour épouse Paule Malouin. Paule est la sœur d'Arthur et de Roland Malouin (neveux de M. Renaud). |
Radio-récepteur | |||||||||||||||||||||||||||
Le radio récepteur de M. Renaud avait été acheté par Gaston Menier et fabriqué par les frères Landry. |
Linotype | |||||||||||||||||||||||||||
Il y avait à l'île un multigraphe (avec linotype) Yves (Veeder?). Il fut acheté en 1922 ou 1923 pour 500 $. |
Les jobbeurs | |||||||||||||||||||||||||||
Les « jobbeurs » en 1909 venait du lac Saint-Jean (les Gagnon, Tremblay, etc.), de la Malbaie (les Bouliane) et de la Gaspésie (les Maloye, les Loiselle, etc.).
Wickenden (?) : Demeura seulement à l'île un an, étant très malade.
Il avait divisé l'île en territoires de coupe (territoire Plantain, Gamache, Canard, etc.).
Wickenden travaillait pour la Anticosti Corporation (Wayagamack, etc.). |
Chemin de fer - dessinateur | |||||||||||||||||||||||||||
Le chemin de fer d'Anticosti fut tracé par Joseph Bureau. |