Léopold Lemieux |
||||||||||||||||||||||||||
M. Léopold Lemieux, gardien du phare de la Pointe sud-ouest, avait des enfants nommés Zéphirin, Blanche (Mme Lorenzo Malouin), Laura, Berthe, Évangéline, etc. |
Baie Ste-Claire - famille Girard |
||||||||||||||||||||||||||
Lorsque soeur Lydia arriva à Anticosti, elle avait neuf ans. La famille fut installée à la Baie-Sainte-Claire, où elle demeura 12 ans, c'est-à-dire jusqu'en 1900, année du grand départ.
Leur voisin était Éphrem Boudreault. Elle fut très impressionnée par la beauté et la propreté du village : « Tout était bien ordonné ; les maisons de couleur vert pâle avaient des toits, des portes et des fenêtres rouges, une toiture française, etc. ».
Le monument de Baie-Sainte-Claire était la magnifique résidence de gouverneur en face de laquelle se situait le carré français (plus rectangulaire que carré).
Son plaisir était de prendre une marche tout autour du carré. Elle me dit que M. Arthur Drolet, douanier, avait des allures théâtrales.
Elle fut impressionnée par la beauté de la salle de classe de l'école et des pupitres. Elle n'a pas apprécié les deux institutrices : les demoiselles Gauthier (dont l'une se prénommait Joséphine), qui battaient souvent les enfants. Cependant, elles étaient bonnes enseignantes.
Soeur Lydia alla trois ans à l'école de Baie-Sainte-Claire, c'est-à-dire jusqu'à la neuvième année, puis alla poursuivre ses études au Havre Saint-Pierre, où il y avait un couvent dirigé par les Sœurs de l’enfant Jésus. |
Johnny Girard, trappeur-guide | ||||||||||||||||||||||||||
Soeur Lydia Girard est originaire de la Rivière Saint-Jean (Côte-Nord) où elle est née en 1900. Son père, Johnny Girard, était trappeur en hiver et guide en été au service de riches Américains qui venaient pêcher le saumon. Un Américain que guidait souvent M. Girard se nommait Hill.
Soeur Lydia souligne que les habitants de Rivière-Saint-Jean étaient des gens heureux qui fraternisaient facilement ; ils constituaient une grande famille heureuse.
M. Girard avait un voisin qui se nommait Jimmy Méthot. Lorsque M. Girard partait l'hiver pour trapper, il disait à Jimmy : « Jimmy, je te confie ma famille ! Veille à ce qu’ils ne manquent de rien; ni eau ni foin. Je les confie à tes bons soins. »
M. Girard a également guidé un « explorateur », ministre protestant qui était géographe et dessinait des cartes. Ce ministre a épousé une fille de la Rivière Saint-Jean.
M. Girard quitta Rivière-Saint-Jean en 1909, parce que la vie y était trop dure et sa famille, nombreuse, demandait de meilleurs revenus pour sa subsistance.
À son arrivée à l'île, M. Johnny Girard fut nommé garde-chasse (en hiver) et gardien du quai dont il habitait la maison (seul) près du phare.
Il pêchait dans la baie Ellis et vendait le poisson et le homard aux familles du village, puis remettait l'argent à l'administration.
Il faisait ce travail par plaisir, ce qui ne manquait pas d'enchanter Martin-Zédé. « La famille était très unie ; il y régnait beaucoup de sérénité grâce à l'être humain merveilleux qu’était mon père. »
Si le bonheur régnait dans sa famille à elle, il en était tout autrement des familles en général. Il régnait un climat de méfiance de jalousie. « Il y avait les snobs (les Malouin, le douanier, le postier, etc.) et les autres, c'est-à-dire les ouvriers.
Elle mentionne que ces deux groupes de citoyens étaient bien distincts.
Soeur Lydia me dit la chose suivante : « M. Henri Menier fit une belle œuvre à l'île. Il louait les maisons à ses employés à des prix dérisoires (5$ par mois).
Il payait les institutrices, les missionnaires, l'hôpital, etc. » Elle se rappelle bien cet homme assez costaud qui portait toujours une casquette blanche de marin.
Il restait deux mois au Château. Lors d’une fête du 14 juillet, il fit installer un poteau dans le carré et passa un après-midi à encourager les enfants à tenter d'atteindre le sommet du mât où une enveloppe contenant de l'argent avait été fixée.
Un des enfants, Georges (Kik) Poirier, fils de Jeanne (Antil), alla chez lui et demanda à sa mère d'arranger son pantalon; on imprégna le tissu de cendre et de mélasse afin de le rendre rugueux. Il parvint ainsi à atteindre l'enveloppe.
« À Anticosti, il n'y avait pas de riches et pas de pauvres. »
Pour se rendre au Havre, elle payait son passage (deux dollars) à bord du navire de Nazaire Cormier, qui venait deux fois par semaine à l'île (il faisait le transport de marchandises sur la Côte-Nord et en Gaspésie).
Elle revenait chez elle une fois pendant l'automne, passait les fêtes dans une famille d'amis et revenait à l'île en juin.
Elle se rappelle monseigneur Leventoux et conserve de lui un magnifique souvenir.
Soeur Lydia fut demandée au chevet du prêtre durant son agonie et demeura près de lui une semaine, jusqu’à sa mort.
Soeur Lydia a écrit un texte sur monseigneur Leventoux, texte qui fut publié dans La Semaine religieuse en juillet 1947.
Son plus beau souvenir de l'île est le travail des missionnaires, surtout de Julien Marie Leventoux, qui était très bon pour les enfants. C'est lui qui a inspiré à Lydia de devenir religieuse.
Sœur Lydia mentionne qu'avant 1925, il fallait aller à l'école à l'extérieur pour poursuivre ses études après la neuvième année.
M. Henri Menier a donné de très nombreux livres (surtout des livres pour enfants) au père Leventoux, y compris l'ensemble de l'œuvre de la comtesse de Ségur.
Le postier de Baie-Sainte-Claire était le vieux monsieur Cabot [ou Cubot] vers 1910. Un monsieur Rogers était responsable de la ferme de Baie-Sainte-Claire et un monsieur Roy était boulanger. Le pain se vendait cinq sous et le magasin général renfermait tout le nécessaire à des prix raisonnables.
Le père de Johnny Girard était maître d'école en Gaspésie à la Baie Caplan. Ce sont les Robinson qui l’ont encouragé à aller faire fortune sur la Côte-Nord où il n'a rencontré que pauvreté.
« À la rivière Saint-Jean, les familles s'aimaient et à l'île d'Anticosti les familles s’ignoraient. On était mieux à l'île sur le plan matériel mais moins bien sur le plan humain. »
« Si j'étais curé à l'île, la première chose que je prêcherais, c'est la charité. Je leur suggérerais de s'unir au lieu de se diviser. »
« Je rêve qu'Anticosti cesse d'être une chasse gardée et devienne un endroit où toute personne puisse vivre librement. »
« Un pays n'est pas beau quand on ne voit pas la mer. »
Tancrède Girard était le cousin germain de Johnny. Les deux familles étaient originaires de la Gaspésie, de Barachois. Ils allèrent s'établir à la Rivière Saint-Jean et à Magpie.
M. Johnny Girard était un garde-chasse des plus intègres. Mgr Leventoux aurait eu les propos suivants concernant l'honnêteté de M. Girard, qui remettait tout le fruit de ses chasses : « il ne serait pas tenu de rendre jusqu'à la dernière fourrure ».
Il laissait ainsi entendre que Johnny aurait pu conserver sans faute quelques peaux pour augmenter son revenu. Comme gardes-chasse, Johnny Girard était magnanime.
Il empêchait les Anticostiens de trop tuer de chevreuils sur son territoire de surveillance. Il avertissait ceux qu'il prenait en défaut d'aller ailleurs (sur le territoire d'un autre garde) pour commettre leurs méfaits, sinon il serait dans l'obligation de les sanctionner.
Voici comment Johnny Girard et sa famille quittèrent l'île en 1920. Un des fils de Johnny, Georges, fut accusé d'avoir tué deux ou trois cerfs.
Georges aimait la chasse, et Alfred Malouin, gouverneur de l'île, demanda son renvoi de l’île (il était clairé !). Johnny décida de s'en aller avec tous ses enfants.
Lorsque Alfred Malouin en demanda la raison, il lui aurait répondu : « Je ne puis laisser un enfant de 18 ans quitter l'île seul ! ».
Cela chagrina beaucoup l'épouse de Johnny, Matilda Poirier; elle aimait l'île parce que son mari était plus souvent à la maison.
En 1921, Johnny fut inspecteur chez un gros commerçant de poissons de Québec, puis gardien sur les quais à Québec.
Voici la liste des enfants de la famille de Johnny et Matilda Girard, du plus âgé au plus jeune, avec le nom de leur époux ou épouse entre parenthèses : Brigitte (Johnny Allison), Delvina (Peter Wright), André (…), Émilie (Émile Poirier), Lydia (religieuse), Georges (…), Cécile (M. Conroy, Américain), Jean ou John (mort à 38 ans de tuberculose), Edmond (mort à 31 ans, de tuberculose également), Alberta (M.Tanguy). |