(148) Rencontre avec Robert Denobile et son épouse, Claudette Martin, le 18 janvier 1980

(148) Rencontre avec Robert Denobile et son épouse, Claudette Martin, le 18 janvier 1980

Robert Denobile

M. Denobile est gérant du village et, donc, responsable de son aménagement et du fonctionnement général.

Il en coûte chaque année de 400 000 $ à 500 000 $ pour maintenir en opération le village de Port-Menier. Le budget d'administration de l'île est près de 5 millions $ annuellement.

La pêche fut peu fructueuse en 1979. On a fermé trois camps tôt dans la saison, en juillet. On pense fermer trois camps utilisés pour la chasse et la pêche : Becsie, Sainte-Marie et McDonald.

Le taux de criminalité (vandalisme, vol, drogue) est très élevé à Port-Menier. Un agent aurait dit à M. Denobile qu'il y avait du travail pour du policier pendant un an pour nettoyer la place et du travail pour un agent à plein temps.

Le chômage, l'absence de structures sociales et de loisirs sont les principales causes de la délinquance et du haut taux de criminalité.

Il compare le milieu humain et social Port-Menier à celui existant dans les réserves indiennes. Il dit qu'il existe de nombreuses similitudes entre ces deux milieux.

Les Anticostiens sont, selon lui, des enfants gâtés qui s'attendent à ce que l'État s'occupe de tous leurs besoins.

Il prétend que la municipalisation de Port-Menier (l'île n’est-elle pas déjà municipalisée depuis 1909 ?) est presque inévitable à cause de nombreuses plaintes des citoyens adressées au député concernant la mauvaise gestion du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche à l'île.

Le Conseil du trésor, le MLCP et plusieurs autres ministères ne peuvent entendre prononcer le nom d'Anticosti tant les fonctionnaires sont dégoûtés du « braillage ».

Il mentionne que le MLCP va abandonner la gestion de l'île et que ce sont différents ministères qui prendront en main les multiples activités : pour les chemins et le quai, les travaux publics ; pour la forêt, le ministère de l'Énergie et des Ressources, etc.

Hydro Québec doit mettre sur pied une usine permettant de générer de l'électricité à partir de la combustion de la tourbe en 1980.

On a abandonné le projet d'extraire la tourbe de la tourbière du lac Plantain et on exploitera plutôt celle du 2,5-milles où l'on peut extraire de la tourbe pendant huit ans. Ensuite, on se dirigera vers la tourbière située à la Pointe-Nord.

Le seul projet qui a relativement bien fonctionné à l'île grâce à la participation de plusieurs citoyens est celui relié au jardin communautaire. Encore là, plusieurs personnes voudraient que le Ministère s'occupe d'ensemencer le jardin.

Il y a peu de gens qui fréquentent le Dear Head. Il semble que les six personnes habituées du Dear Head ont consommé pour 12 000 $ de loisirs en décembre seulement.

Pour la première fois en plus de 35 ans, il n'y avait pas de fête organisée au Dear Head et au Club à Noël et au jour de l'an. Cependant, la famille Poulin a décidé à 8h du soir d'ouvrir le Club et d'organiser une fête du jour de l’an.

M. Levac a quitté son poste de gouverneur en octobre dernier. M. Denobile et M. Renière envisagent de faire de même à cause du mauvais esprit qui règne dans la population.

De jeunes Anticostiens ont volé des matériaux de construction qu'ils vendaient à des gens du Havre venus à l'île par bateau pour prendre livraison de la marchandise. On a également défoncé un coffre-fort.

On a tenté de recruter un commis, mais on n'a pu trouver un candidat chez les jeunes de l'île, aucun n’ayant une 11e année de scolarité.

Les jeunes ne sont pas intéressés aux études et quittent l'école tôt. Ils sont souvent oisifs et vivent en marge de la société.

(148) Rencontre avec Robert Denobile et son épouse, Claudette Martin, le 18 janvier 1980

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