Au moment de ma visite chez monsieur et madame Donat, le frère de Donat, Bernardin, y effectuait un séjour en compagnie de son épouse. Cette rencontre fut très intéressante et les renseignements suivants ont été obtenus :
Bernardin Lejeune | |||||||||||||||||||||||||||
Bernardin Lejeune est le fils aîné de Bernard Lejeune et d’Hénedine Beaudin.
Il naquit en 1905 et fit un séjour d'un an et demi, de même que plusieurs de ses frères et cousins, à l'hospice Guay.
Il s'agit d'un pensionnat doublé d'un hospice fondé par Mgr Charles Guay.
Il obtint un emploi au magasin de Port-Menier comme boucher à l'âge de 12 ans (1917).
Il était l'adjoint du boucher de l'époque, M. Antil Poirier.
Son salaire était de 15 $ par mois. Lorsqu' Antil Poirier fut chassé de l'île (il chassait les cerfs sans permission), il fut remplacé par André James de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Lorsque ce dernier tomba malade (vers 1922), il fut nommé par Martin-Zédé en charge du marché : il avait alors 17 ans (son salaire était de 60 $ par mois).
C'est grâce à l'amitié de Martin-Zédé pour Bernard Lejeune que Bernardin eut le poste.
Il fut en charge du magasin jusqu'en 1928, lorsque la compagnie nomma un M. Dubé à sa place.
Bernardin quitta alors l'île. Il épousa Simone, en 1928, la fille d'un Grand Jobber de l'île, Louis-Philippe Côté.
Ce dernier est très connu pour ses attaques envers les compagnies forestières et pour sa défense des droits des ouvriers forestiers.
Bernardin quitte donc l'île en 1929 et, après être passé par quelques endroits, s'installe à Val-d'Or où il travaille comme mineur pendant 35 ans.
Il me raconte que son parrain était un des membres de la compagnie Gauthier & frères de Québec, peintres-décorateurs, qu’Henri Menier avait chargée de décorer la Villa. |
Martin-Zédé | |||||||||||||||||||||||||||
D'après Bernardin, Martin-Zédé était humain malgré son mauvais caractère. Le dimanche, il conduisait les gens du village aux framboises par le chemin de fer.
Les hommes débroussaillaient les champs et les femmes et les enfants cueillaient des framboises. « C'était un grand seigneur de six pieds trois avec barbe. »
Tous les hommes avaient droit à une bouteille de vin. |
Adélard Beaudin | |||||||||||||||||||||||||||
C'est M. Adélard Beaudin, frère d’Hénedine Beaudin, épouse de Bernard, qui a remplacé M. Ennis comme responsable des jardins du Château.
Un jour que le père Martin (Martin-Zédé) avait acheté deux melons gris, ceux-ci furent placés sur la galerie du Château.
Adélard ne connaissait pas ces « objets » et les projeta en l’air à coups de pied. Martin-Zédé fit une grande colère devant tant d’ignorance.
Il en fut ainsi lorsqu'un jour Martin-Zédé vit Joseph Duguay en train de laver un steak dans la rivière Jupiter avec un savon. |
Valiquette | |||||||||||||||||||||||||||
D'après Bernardin, M. Valiquette était toujours ivre.
Il nomma John Anglehart responsable de la Villa à la place de Bernard Lejeune.
M. Lejeune allait à la chasse tous les après-midi avec Martin-Zédé.
M. Valiquette avait aménagé une des maisons de l’Anse-aux-fraises comme chalet et il y allait pour chasser.
Il prêta son chalet au couple Bernardin et Simone Lejeune pour leur voyage de noces. |
Louis-Philippe Côté | |||||||||||||||||||||||||||
M. Louis-Philippe Côté vint à l'île en 1926 comme jobber, ayant perdu une fortune de quelques centaines de milliers de dollars (235 000 $).
Il était originaire du Bic, dans le comté de Rimouski, et habitait Notre-Dame du Lac (Témiscouata).
Il était le Grand Jobber et avait des sous-contracteurs que l'on appelait « Petits Chaudrons ». |
Sous-contracteurs | |||||||||||||||||||||||||||
Les sous- contracteurs étaient du lac Saint-Jean (Tremblay, Gagnon, etc.). |
Rats au lac Simone | |||||||||||||||||||||||||||
Mme Lejeune, fille de Louis-Philippe Côté, me raconte qu'elle a vu de ses yeux, comme son mari, Bernardin, et son père, des milliers de rats au lac Simone.
Ils étaient si nombreux que le foin se couchait au sol à leur passage.
Il leur était impossible de quitter les « flat cars » tant il y avait de rats autour d’eux. Les rats dévoraient tout : les poches de grain pour les chevaux, les quartiers de viande destinés aux bûcherons.
Il y en avait moins au village; on les retrouvait surtout dans la boucherie et les entrepôts. Les rats étaient surtout abondants dans les camps de jobbers. |
Boulangerie | |||||||||||||||||||||||||||
La boulangerie du village avait été transformée en loyer (deux loyers). Jos Duguay demeurait dans le haut. |
Antil Poirier | |||||||||||||||||||||||||||
Bernardin me raconte que l'épouse d’Antil Poirier avait mauvais caractère. Un jour, elle arriva plus tôt à la messe et lorsque son époux entra dans l'église, il alla s'asseoir dans un banc qui ne leur était pas attitré.
Mme Poirier cria à voix haute dans l'église : « Antil, viens te mettre dans ton banc. » |
Boisson, M. Lizotte | |||||||||||||||||||||||||||
Il y avait à l'île un « officier de la Commission des liqueurs », un M. Lizotte, qui avait ses bureaux dans sa chambre, à l'hôtel de Port-Menier.
On devait s'y rendre pour avoir de la boisson. Tous les jobbers le suivaient comme un essaim de mouches.
En 1926, il y avait bière et vin au magasin et, après la vente de l'île, il fallait écouler ce stock, c'est-à-dire 50 barils de vin et plus d'une centaine de caisses de bière Boswell. |
Beaudin (Hénédine) | |||||||||||||||||||||||||||
Selon Bernardin, son père Bernard a connu Hénedine Beaudin au cours de ses voyages sur la côte sud pour y acheter les animaux. |
Institutrice | |||||||||||||||||||||||||||
Avant les deux soeurs Goulet, l'institutrice du village était Mme Vézina, épouse du policier.
Elle demeurait dans la maison située près de celles des Lejeune.
Cette maison fut ensuite habitée par Jérémie Béliveau. M. Vézina était bon musicien et était première trompette, Bernardin, deuxième trompette. |
Docteur Rousseau | |||||||||||||||||||||||||||
Lorsque le docteur Rousseau de Québec va soigner Mme Georges Menier (Simone), les Menier organisèrent à leur retour à la Villa une « soirée de réjouissances » pour célébrer la convalescence de Mme Simone.
On demandait aux invités de danser des danses carrées.
Le docteur Rousseau était scandalisé de voir tant de dépenses d'argent pour une petite piqûre de maringouin. |
Jupiter, voyages de pêche, Lejeune | |||||||||||||||||||||||||||
Bernardin me raconte que sa grand-mère faisait la cuisine pour les Menier à la rivière Jupiter au cours des voyages de pêche et que son père Bernard y était également.
On amenait aussi des enfants (dont Bernardin) pour assommer avec un bâton le saumon qui était retiré de l'eau.
Une fois le saumon assommé, l'enfant enfonçait le crochet de la balance pour le peser.
Sur une photo des archives, on voit les Menier, leurs invités et les guides tenir un filet plein de poissons.
Il s'agit de truites que l'on enlevait des fosses, car elles nuisaient à la pêche au saumon, sautant toujours sur les mouches. |
Terrain de golf | |||||||||||||||||||||||||||
Lorsque Martin-Zédé fit labourer le champ près des maisons des Lejeune à cause des chicanes au sujet de la cueillette des fraises, il fit tracer un terrain de golf. Pour tondre la pelouse du golfe, on y laisse paître les moutons.
Les enfants étaient payés 25 ¢ par jour (pour deux enfants) pour surveiller les moutons. Ils cherchaient également les balles égarées et recevaient 50 ¢ la balle retrouvée. |
Comettant | |||||||||||||||||||||||||||
M. Comettant avait un valet cayen. Son épouse était impatiente de se faire servir. Le serviteur lui dit un jour : « Crisse de viarge, oui, madame ». Cela fit bien rire les Comettant. |
Jos Lejeune, alcool | |||||||||||||||||||||||||||
M. Jos Lejeune était également garde-chasse et visitait les camps de bûcherons périodiquement pour inspecter les locaux.
Comme on frelatait beaucoup d'alcool dans ces camps, il revenait souvent saoul à la maison. |
Le morse | |||||||||||||||||||||||||||
on avait installé deux fils du Chalet (maison Ashbaugh) jusqu’aux maisons Lejeune pour enseigner à Camille le morse et ainsi capter les messages du Montcalm lorsqu'il venait en hiver. |
Parc à renards | |||||||||||||||||||||||||||
Il y avait un parc à renards sur le chemin qui allait du ruisseau Diane jusqu'à la ferme Saint-Georges et au Makasti. |
Warf Cargo | |||||||||||||||||||||||||||
La compagnie Foundation a construit le Warf Cargo et les piliers dans la baie Ellis. |
Camps de bûcheron | |||||||||||||||||||||||||||
Il y avait, de 1926 à 1928, des camps de bûcherons tout le long de la rivière Plantain, de la rivière Diane et sur le Cap Henri. |