Le 12 mai 1893
(Cet article est incomplet. Il est tronqué par le débat qui se trouvait imprimé sur la page précédente, et cette page n’a pas été imprimée sur le microfilm. Je n’ai donc pas le titre ni le début de l’article)
Les anciens anabaptistes avaient des disconesses auxquelles, par prescription religieuse, le lavement des pieds était commandé, sans préjudices d’aucun autre lavement tel que celui des mains et du visage. J’aime à penser que les jeunes diaconesses anglaises qui sont envoyées en Algérie sous prétexte de convertir les musulmans à la foi protestante, au fond pour travailler les esprits en faveur de l’Angleterre, se tiennent dans nos colonies les pieds propres. Mais c’est un détail, passons.
Elles agissent par groupe de deux ou trois disconesses et prêchent aux indigènes les douceurs de la foi anglicane. Après chaque sermon qu’elles font sur les places publiques les jours de marché - et dans le pur dialecte du pays - les missionnaires en jupons infusent du thé qu’elles offrent avec de petits gâteaux à leurs catéchisés, et distribuent aux enfants et aux femmes des emblèmes religieux avec de la menue monnaie courante. Dans leurs sermons, ces bonnes petites âmes de prédicantes représentant les français comme des rien qui vaillent, comme des idolâtres incapables de faire le bonheur des indigènes, trop pauvres pour leur venir en aide. Par contre, elles font de l’Angleterre le plus séduisant tableau, sous le rapport des bonnes mœurs, de la foi religieuse et des richesses acquises. Et, là-dessus, elles jouent de l’accordéon et agitent également leurs tambours de basque sacrés, ce qui surtout charme les Kabyles. Quelques disconesses, enhardies par l’impunité, ont ouvert des écoles et des dispensaires pour la meilleure propagation de leurs théories religieuses, politiques et sociales. Il fallut les prier d’aller plus loin qu’en pays français porter leur bonne parole contre la France. Elles plièrent bagage en disant aux autorités: “Vous nous chassez, mais nous reviendrons plus tard, quand l’Algérie appartiendra à l’Angleterre.”
Bon voyage, mesdemoiselles.
Les diaconesses éparpillées un peu partout dans les provinces de l’Algérie, font à Alger même, une propagande suivie. Elles prêchent trois fois par semaine dans deux maisons bien connues des indigènes toujours nombreux aux sermons de ces apôtresses, car ils se terminent tous par des distributions de gâteaux, d’objets d’habillement, de livres et de pièces se monnaie, comme nous l’avons dit plus haut.
“A Constantine, nous fait savoir un de nos confrères d’Algérie, les diaconesses font peu de bruit; elles tâchent à force de patience et de cadeaux, de pénétrer chez les indigènes. Nos musulmans les accueillent avec bienveillance, acceptent leurs cadeaux, admirent leur éloquence, encouragent leur talent sur l’accordéon et le tambour de basque, mais nous ne croyons pas qu’elles aient jusqu’ici obtenu la moindre conversion.”
Les diaconesses étant plus faciles à atteindre que les sauterelles, il faut espérer que le gouvernement en débarrassera notre colonie avant que leur organisation ne constitue un danger qui, par la suite, pourra être irrémédiable.