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16 Journalistes à Anticosti

Le Courrier du Canada, Mercredi 12 juillet 1899 

 

Une page d'histoire

et de géographie


L'Anticosti d'Autrefois


 par Charles-Edmond Rouleau

 

Après le récit de l’excursion de la Presse associée de la province de Québec à l’île d’Anticosti, il nous semble que nous intéresserons nos lecteurs en leur mettant sous les regards une page d’histoire et de géographie sur cette île.

 

Nous allons donc leur faire voir, aussi brièvement que possible l’Anticosti d’autrefois et l’Anticosti d’aujourd’hui.

 

L’île d’Anticosti fut découverte en 1535 par Jacques Cartier qui en prit possession pour le roi de France et qui la baptisa du nom de l’Assomption.

 

Que veut dire le mot «Anticosti» et pourquoi a-t-on donné ce non à cette île, appellation qui a prévalu jusqu’à nos jours?

 

Charlevoix dit que l’ancien nom sauvage «Naticostec» s’est changé en celui d’Anticosti dans la bouche des Européens; «Netashkouck» nom donné maintenant par les Montagnais signifie : «lieu où l’on prend l’ours»

 

Nous lisons dans le «Tribord à bâbord» : le mot «Anticosti» est indien et non espagnol.

 

«Ante» en face, «Costa», de la côte, comme l’ont prétendu certains étymologistes, Thévet appelle cette île : «Nascouti» dans son Grand Insulaire, Lescarbot «Anticosti» et Halduy «Natiscotec».

 

Ce dernier mot remarque l’abbé Laverdière, se rapproche davantage de celui de «Natasconel» (où l’on prend l’ours) que lui donnent les Montagnais.

 

D’après ce qui précède, il paraît évident que ce sont les Montagnais qui ont été les parrains de l’île d’Anticosti.

 

Depuis sa découverte jusqu’en 1895, l’île d’Anticosti a passé entre les mains d’un grand nombre de propriétaires. Voici un résumé de ces différentes mutations de propriété.

 

Au mois de mars 1680, le litre d’érection et de concession du fief et seigneurie de l’île d’Anticosti a été émis par l’intendant Duchesneau, sous le gouvernement de monsieur de Frontenac, en faveur de Louis Jolliet «comme récompense de sa découverte du pays des Illinois et d’un voyage à la baie d’Hudson, pour l’intérêt et l’avantage de la ferme du roi pour y faire des établissements de pêche de morue verte et sèche, huiles de loups-marin et baleines, et , par ce moyen, commercer en ce pays et dans les Isles de l’Amérique.»

 

En 1725, Charles Jolliet, sieur d’Anticosti, Jean Jolliet, sieur de Mingan et Claire Jolliet épouse de   Joseph Fleury de la Gorgendière tous trois enfants de Louis Jolliet et de Marie-Claire Bissot, héritière de l’île d’Anticosti par parties égales indivises, par acte daté du 12 avril 1725.

 

À partir de cette date, la question des propriétaires de l’île devient fort compliquée.

 

Il serait oiseux d’entrer dans tous les détails que contiennent les actes de foi et hommage à ce sujet.

 

Nous noterons seulement les mutations essentielles pour les fins de cette courte étude.

 

Conformément à une adjuration du 18 mai 1778, sur saisie réelle, à la poursuite des héritiers de Joseph Fleury de la Gordendière, contre les héritiers de Charles Jolliet d’Anticosti et Jane Lemelin, et par contrat du 12 janvier 1779, vente a été faite à William Grant, époux de Dame Catherine Fleury de la Gordendière, des neuf-vingtièmes du fief et seigneurie de l’île d’Anticosti.

 

Par acte passé devant Mtre Berthelot D’Artigny, notaire, le 6 août 1784, monsieur William Grant a déclaré que l’adjudicateur et des neuf-vingtièmes, devait être tenue comme ayant été faite moitié à lui, un quart à l’honorable Thomas Dunn et un quart à M. Peter Stuart.

 

Par acte du 17 novembre 1779, et du 1er février 1781, monsieur William Grant fit aussi l’acquisition de positions indivises de l’île d’Anticosti appartenant à un certain nombre d’enfant de Joseph Fleury de la Gordendière et de Claire Jolliet.

 

Dans l’acte de foi et d’hommage du 18 mai 1781, Nicolas, Joseph et François de la Fontaine de Belcourt, François Cugnet, époux de Marie-Joseph de la Fontaine de Belcour, William Grand, Thomas Dunn, Louis Jolliet et Bissot de la Rivière sont déclarés être les Seigneurs et propriétaires par indivise de l’île d’Anticosti et des îles et Ilets de Mingan.

 

Le nom de Peter Stuart, copropriétaire de l’île n’apparaît qu’en 1791, comme nous l’avons vu plus haut.

 

Dans un acte passé le 12 décembre 1789, devant Mtre Deschesnaux, notaire à Québec, l’honorable William Grant et la baronne douairière de Longueuil né la Gordendière son épouse, tant en leurs noms que comme représentant des héritiers de Fleury d’Eschambault, d’une part.

 

L’honorable Thomas Dunn de seconde part, et monsieur Peter Stuart, de troisième part, déclarent qu’ils sont les propriétaires «de presque le total des fiefs et seigneuries de la terre de Mingan, des îles et îles de Mingan et de l’île d’Anticosti; du total des dits fiefs et seigneuries sont seulement à distraite la «part et droits» de monsieur le baron de Castelnau et de Dame son épouse et du sieur Gilles Belcourt de la Fontaine, absent de cette province depuis plus de 30 ans «si aucun droits, ils ont en outre de la partie vendue par monsieur Joseph Belcourt de la Fontaine à monsieur Lymburner en l’année mil sept cent quatre-vingt-huit.

 

Cet acte du 12 décembre 1789 est très important. Il fait connaître les diverses mutations qui ont mis M. Grant, Dunn et Stuart en possession de la presque totalité, sinon de la totalité de l’île, et établit la part de chacun dans cette propriété, savoir William Grand, la moitié, Thomas Dunn et Peter Stuart, l’autre quart.

 

À partir du commencement du 19e siècle, aucune personne portant un nom français n’apparaît comme propriétaire de l’île d’Anticosti dans les documents qui sont déposés au département des Terres de la Couronne.

 

La moitié du fief d’Anticosti appartenant à la succession vacante de William Grant, fut vendue par le shérif de Québec et adjugée à Patrick Langan, le 30 juillet 1808, pour la somme de 175,000.

 

Cette moitié indivise de l’île passa héritiers Langan, savoir : à madame Forsyth (Charlotte Langan), à madame Leslie (Julia Langan), et à madame Johnson (Maria Langan).

 

Madame Johnson vendit sa part à sa sœur madame Forsyth par acte passé à Québec, le 4 juillet 1826 par Mtre McPherson, notaire.

 

Dans l’acte de foi et hommage du 9 octobre 1827, les héritiers de Peter Stuart, savoir : Mary Stuart, James T.S. Stuart et W.T.P. Short, se déclarent propriétaires d’un quart indivis de l’île d’Anticosti.

 

Il y eut encore d’autres mutations; mais nous les laissons de côté pour établir tout de suite que M. Menier est vraiment le propriétaire.

 

En 1884, l’île d’Anticosti fut mise en vent par licitation en vertu d’un ordre de la cour supérieure, siégeant au district de Saguenay, portant la date du 22 septembre 1882, et adjugée à M. F.W. Stockwell.

 

Cette vente par licitation fait disparaître tous les doutes qui auraient pu exister auparavant sur le véritable propriétaire de l’île.

 

M. F.W. Stockwell vendit ensuite les tiers indivis de l’île au baron Headley. Le baron Headley revendit ce tiers à M. F.G. Stockwell, frère du président.

 

En 1882, par acte passé à Québec, le 3 juillet devant Mtre Meredith, notaire, F.W. et T.G. Stockwell vendirent toute l’île d’Anticosti à la Société dite : «The Governor and Company of The Island of Anticosti».

 

Enfin, le 16 décembre 1895, le liquidateur de la compagnie anglaise vendit l’île d’Anticosti à M. H.E.A. Menier, tel qu’on le voit par l’acte passé à Québec devant le notaire Campbell.

 

L’île d’Anticosti ayant été vendue par le shérif, le droit de propriété de cette île devient alors indiscutable et M. Menier en est bien aujourd’hui le seul et légitime propriétaire devant Dieu, la loi et les hommes.

 

La longueur de cette île d’après M. Gregory, chef du bureau du ministère de la marine à Québec est à… (non lisible). M. Faucher de St-Maurice lui donne une longueur de cent vingt-deux milles, une largeur de trente et une, une circonférence de deux cent soixante-dix.

 

Le même auteur nous donne une excellente opinion de ce qu’était l’Anticosti d’autrefois; voici ce qu’il écrivait en 1877, après l’avoir visitée à différentes reprises :

 

«Privée de port et entourée d’une redoutable ceinture de récifs, j’ai bien peur que tous les efforts fait pour la coloniser et la défricher restent infructueux.

 

Depuis le jour où elle fut découverte et baptisée par Jacques-Cartier du nom de l’Assomption, l’Anticosti n’a guère changée d’aspect.


C’est toujours cette terre que Champlain trouvait «blanchâtre comme les falaises de la côte de Dieppe» et que le routier de Jean-Alphonse de Saintonge nous représente comme dans son langage poétique comme étant assise sur des rochers blancs et d’albâtre couvertes d’arbres jusqu’au bord de la mer.

 

Pendant l’été, l’île d’Anticosti est parcourue par des bandes nomades de pêcheurs qui exploitent le saumon, la morue, le maquereau, le homard et le hareng.

 

Au printemps, les chasseurs de loups-marins arrivent à leur… et avec ces poissons et cet amphibie, la chaux, la tourbe, la pierre de taille et les collections de fossiles, demeurent, à tout prendre, les seules et véritables richesses de l’île.

 

«L’hiver, la population sédentaire ne dépasse guère soixante-quinze personnes».

 

L’ASPECT GÉNÉRAL DE L’ÎLE

 

En 1857, M. James Richardson, arpenteur, fit un rapport assez détaillé de l’île. Voici quelques extraits de cette étude :

 

Une grande partie de la côte est bordée de récifs qui sont secs à l’eau basse, tandis qu’à l’eau haute ils sont couverts à divers degrés de profondeur suivant l’état de la marée.

 

Les bords extérieurs de ces récifs forment un précipice de vingt, cinquante, cent pieds suivant Bayfield.

 

Tout le côté septentrional de l’île offre une succession d’élévations, en forme de crête, ayant de 200 à 300 pieds au-dessus de la mer, et séparées par des dépressions.

 

Depuis le Cap des Anglais (English Head) trois milles à l’est de l’extrémité de l’ouest, jusqu’au cap Ouest, distance de 58 milles en ligne droite, chaque crête et vallée successive occupe une largeur de quatre milles à six milles; les crêtes forment une extrémité quelque peu arrondie faisant face à la mer du nord.

 

La crête ou montagne Macastey, à onze milles à l’est de l’extrémité ouest, s’élève à plus de quatre cent pieds à un mille à peu près de l’intérieur.

 

Le Grand cap (High Cliff), à 18 milles plus loin à l’est, a probablement 500 pieds à un quart de mille de rivage. Ce sont à quelques égards les crêtes les plus remarquables.

 

De la baie Observation, ou cap Mouette (Gull Cape) distance de 58 milles, les falaises deviennent plus proéminentes sur la côte, en s’élevant presque perpendiculairement aux pointes à la hauteur de 100 à 300 pieds et les échancrures sont nombreuses formant des vallées mieux définies.

 

Entre le cap à l’Ours (Beau Head) et le cap Robert, distance de cinq milles et demi, la plus grande échancrure a, en ligne droite, à peu près un mille et demi.

 

Mais, elle est subdivisée en baie Easton, baie de Tour (Tower Bay) et baie Blanche (White Bay), la dernière étant la plus grande.

 

La baie de la rivière au Saumon (Salmon River Bay) à l’est du cap Henry, a cinq milles de large et sa plus grande profondeur est d’un mille.

   

Du cap Mouette à la baie au Naufrage (Wreck Bay), distance de 11 milles, les falaises sont, en général, perpendiculaires et de 100 à 130 pieds de haut.

 

Elles ne gagnent que peu d’élévation à l’intérieur probablement pas plus de cent pieds, tandis que la surface en arrière donne aussi loin qu’on l’ait observé, une surface légèrement onduleuse.

 

Sauf la vallée de la rivière Jupiter, il n’y a pas point de vallée bien définie sur le côté sud de l’île.

 

Par rapport au sol de L’île, les plaines sur le côté sud, sont comme on l’a dit, composées de tourbe; mais la végétation générale du pays est enracinée dans un sol d’alluvion composée en grande partie d’une argile calcaire et sable léger gris ou de couleur brune.

 

Les éléments du sol feraient conclure qu’il est bon, mais l’opinion de beaucoup de personnes jugeant d’après les espaces du bois qui y croît, ne serait pas favorable, parce qu’il y a une absence presque complète, aussi loin que je poussai mes observations, des arbres de bois franc, lesquels on suppose être l’indice le plus sûr d’un pays propre à l’agriculture.

 

L’arbre le plus abondant est l’épinette, dont les dimensions varient de 8 à 18 pouces de diamètre et de 40 à 80 pieds de haut.

 

Sur le côté nord et dans quelques parties du sud, l’épinette est de bonne grosseur dans les bois, près de la baie et pas mélangés d’arbres rabougris.

 

On a remarqué du pin dans la vallée de la rivière au Saumon (Salmon River), à quatre milles à peu près à l’intérieur.

 

La baie de Gamache et la Baie au Renard, sont les deux seuls ports de l’île qui soient comparativement à l’abri de tous les vents.

 

Le premier est à huit milles de distance du phare de l’extrémité ouest, sur le côté sud; le dernier est à quinze milles du phare de la pointe Heath, sur le côté septentrional.

 

Du cap Aigle (Eagle Cap) au cap Henry, à travers l’embouchure de la baie de Gamache, la distance est de deux milles, avec une largeur d’eau profonde, de trois quarts de mille, s’étendant en haut de la baie, à un mille et demi, tandis que la profondeur de l’échancrure est de deux milles et demi.

 

La baie au Renard est plus petite et a une profondeur d’eau moindre que la baie de Gamache.

 

La distance à travers, l’embouchure est d’un mille et demi à un demi-mille d’eau profonde au centre, s’étendant en haut de la baie sur les neuf-dixièmes d’un mille; la profondeur entière de l’échancrure étant d’un mille et deux-dixièmes.

 

Les rivières que l’on rencontre le long de la côte sont très nombreuses, en considération de son étendue.

 

On ne peut guère faire un mille sans trouver un cours d’eau claire à chaque espace de dix ou neuf milles ou on rencontre un d’une largeur assez grande pour faire mouvoir une machine.

 

Les chutes près de la côte présentent souvent des sites excellents pour cela, l’eau de ces rivières est toujours plus ou moins claire.

 

Sur le côté sud. Les plus grands cours d’eau sont la Becsie, la Loutre (Otter River), la Jupiter qui est la plus considérable rivière de l’île, le Pavillon et la Chaloupe.

 

Au nord, les rivières au Renard, Mauzerolles et au Saumon sont les plus considérables.

 

Le grand lac Salé (Great Salt Lake), le petit lac Salé (Little Salt Lake), le lac Chaloupe et le lac Lacroix sur le côté sud, et le lac Renard sur le côté nord, sont en réalité des lagunes d’eau salée soumises aux influences de la marée et mêlées de l’eau douce des rivières.

 

Dans la plupart des rivières et lacs, fourmillent la bonne truite de ruisseau, la truite saumonée, et nous avons remarqué presque journellement, de vastes bancs de maquereaux tout autour de l’île.

 

Mais, durant mon excursion, je n’ai pas vu de goélettes occupées à la pêche, sauf une à la pointe sud.

 

Les seules opérations ayant trait à ce commerce, dont j’ai entendu parler, ont lieu à l’embouchure de quelques-unes des grandes rivières sur le côté sud et à celle de la rivière au saumon au nord par des hommes employés par M. Corbet, locataire de l’île et elles se bornent entièrement à la capture du saumon et de la truite saumonée.

 

Les phoques sont très abondants; sans quelques indiens qui viennent de Mingan en juillet et août, et en prennent quelques-uns sur la côte nord de l’île.

 

Plus d’une fois il nous est arrivé d’en surprendre un endormi sur la place où nous l’expédions généralement d’un coup de marteau.

 

Nous avons remarqué que plusieurs espèces de baleines étaient abondantes à l’extrémité ouest de l’île.

 

Cette partie doit être pour elles un lieu favori, car on les voyait, ou entendait fréquemment à des intervalles irréguliers le jour ou la nuit.

 

L’ÎLE EN 1895

 

En 1895, les deux principales missions étaient celles de Saint-Alfred de la baie des Anglais et de Saint-Ludger à l’Anse-aux-Fraises.

 

La première mission avait alors une population de 15 familles, de 73 âmes, dont 49 communiants.

 

La maison de M.W. Jean Girard établie en cet endroit vers 1873, servait de résidence au missionnaire qui venait là tous les quinze jours pour y faire les exercices religieux.

 

Il y avait autrefois, une maison d’école qu’on a convertie en chapelle de mission.

 

L’Anse-aux-Fraises se trouve à six milles de la Baie des Anglais.

 

En 1895, sa population était de 14 familles, comprenant 101 personnes dont 66 communiants.

 

Le premier habitant de l’Anse a été M.J. Doucet, français natif de Saint-Pierre-et-Miquelon et qui est venu e la baie des Chaleurs en 1873, se fixer tel en compagnie d’un nommé Frank Dézeau.

 

La première chapelle de cette mission a été détruite en 1880 et remplacée par l’église actuelle (554 pieds sur 35), qui fut construite du temps où M. l’abbé Rioux desservait l’île d’Anticosti (1883-1886).

 

Il y a une école élémentaire à l’Anse-aux-Fraises.

 

Outre la population de ces eux missions, en 1895, il n’y avait dans toute l’île que 6 familles catholiques et 10 familles protestantes.

 

Le premier missionnaire résident a été M. l’abbé Rioux, qui passa trois ans sur l’île, de 1883 à 1886, et qui résident à la Pointe-Ouest chez M. A. Malouin, gardien du phare.

 

En l’année 1893, M. l’abbé Jean-F. R. Gauthier, missionnaire de l’île, alla se fixer à l’Anse-aux-Fraises et fut remplacé, à l’automne 1894 par l’abbé A. Villeneuve.

 

La première visite pastorale eut lieu en 1875, et ce fut Sa Grandeur Mgr. Langevin, évêque de Rimouski, qui entreprit le premier ce périlleux voyage…

 

Vingt ans plus tard, Sa Grandeur Mgr. Labrecque, évêque de Chicoutimi, faisait une seconde visite pastorale de l’île.

 

À quelques milles à l’est de l’Anse-aux-Fraises, on rencontre la baie de Gamache, ou Ellis Bay de mémoire légendaire, Louis-Olivier Gamache, dit Faucher de Saint-Maurice, était né à l’Islet en 1784 d’une famille originaire des environs de Chartres.

 

Il commença sa longue vie par l’école de la garcette. Matelot dans la marine anglaise, son enfance se passa à courir le monde, mais ces excursions lointaines finirent par le blaser.

 

Après avoir essayé un petit commerce le long de la côte de Rimouski, Gamache avait fini par se fixer dans l’île d’Anticosti, et le farouche aventurier ne tarda pas se faire reconnaître comme le souverain absolu de cette solitude.

 

Nos auteurs canadiens mentionnent encore, comme endroits intéressants, la Pointe-Aux-Bruyères, la Pointe-Sud-Ouest, la Pointe-Sud et la Baie-au-Renard et voilà toute l’île d’Anticosti d’autrefois.

 

D’après une carte marine, que le capitaine Bélanger, a eu l’obligeance de nous expliquer, l’île d’Anticosti a une longueur de 123 ½ milles, une largeur de 30 milles, une circonférence de 267 milles.

 

Les principaux postes de l’île sont Baie Sainte-Claire, l’Anse-aux-Fraises, la Baie de Gamache, la Pointe-aux-Bruyères, la baie au Renard.

 

Il y a quatre phares sur l’île, savoir :

  1. Pointe de l’ouest, gardien M. Malouin;
  2. Pointe Sud-Ouest, gardien M. Pope;
  3. Pointe Sud, gardien M. Alph. Nadeau;
  4. Pointe-aux-Bruyères au Heat Pointe, gardien M. Gagné.

 

On compte quatre bureaux de télégraphe, dont trois sur la côte sud, savoir :

  1. À la rivière Bescie, opérateur M. Dussault;
  2. Lac Salé, opérateur et réparateur, M. Zéphirin Beaudin;
  3. Chaloupe Creek, opérateur M. Bradley Burney;
  4. à l’Est, la Baie au Renard, opérateur M. G. Cabot.

 

LA BAIE DES ANGLAIS ET SAINTE-CLAIRE

 

La baie des Anglais n’est plus connue aujourd’hui par les habitants de l’île sous ce nom.

 

Elle a été baptisée par son propriétaire du nom de Sainte-Claire, en l’honneur de la mère de M. Henri Menier.

 

Nous ferons remarquer en passant, une coïncidence assez importante : c’est que a femme du premier seigneur de l’île, M. Louis Jolliet, portait le nom Claire, t Claire Bissot de la Rivière, et que la mère du propriétaire actuel se nomme aussi Claire, Claire Rodier.

 

La population de Saint-Alfred de la Baie Sainte-Claire est aujourd’hui d’environ 200 âmes sans compter les 300 ouvriers employés temporairement.

 

Tous ces courageux habitants sont catholiques à l’exception d’une seule famille anglaise, nommée Rogers, qui professe la religion méthodiste.

 

Il y a environ 150 communiants. Une chapelle temporaire s’élève à côté de la maison du gouverneur et sert en même temps de maison d’école, dirigée par Mlle Claudia Gagné, de Saint-Urbain, comté de Charlevoix.

 

Trente et un enfants fréquentent assidûment cette maison d’éducation.

 

Cette baie sera dotée avant longtemps d’une magnifique église, dont la construction sera commencée d’ici à un mois.

 

M. l’abbé L.-E. Boily est réellement le premier curé de cette paroisse comme l’atteste la lettre de Mgr l’évêque de Chicoutimi le nommant à ce poste important.

 

Voici les noms des missionnaires qui ont résidé à l’ile d’Anticosti :

  1. MM. Les abbés Rioux, de 1883 à 1886;
  2. Pouliot de 1886 à 1887;
  3. J.-R. Thiboutot, de 1887 à 1891;
  4. A. Simard de 1891 à 18792;
  5. F.R. Gauthier de 1892 à 1894;
  6. A. Villeneuve de 1894 à 1895;
  7. P. Bouchard de 1895 à 1898
  8. L.-E. Boily de 1898 à ce jour

À Part les abbés Gauthier et Villeneuve, qui ont résidé à l’Anse-aux-Fraises et les abbés Bouchard et Boily, ayant leur résidence à la Pointe-aux-anglais, tous les missionnaires avaient leur résidence chez M. Alfred Malouin, gardien du phare de la Pointe-Ouest.

 

Avant 1883, l’île était visitée de temps à autre par des missionnaires qui ne faisaient là qu’un court séjour.

 

Pendant l’hiver dernier, M. le curé Boily a eu un vicaire, M. l’abbé Rossignol pour l’aider dans l’exercice du ministère aux différents postes de l’île.

 

Charles-Edmond Rouleau



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(Exemple: Henri+Menier)



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Livres et documents sur Anticosti

(50) (Nouveau)

Cahiers d'entretiens avec des Anticostiens (1976-1981) par LUC JOBIN, 160 pages

(49) (Nouveau)

Collection Desbiens

 Ces 174 photographies font partie de la collection Desbiens. Ces documents sont présentés pour la première fois grâce à LUC JOBIN.

(47) Le journal LE SOLEIL publie en 1897, 1898 et 1899, et rapportées ici, les actualités, rumeurs et nouvelles qui provenaient de l'île d'Anticosti au début de l'ère Menier.

(46) Actes Notariés - en 1899 Henri Menier achète de 26 habitants anticostiens 28 lots de terrains et habitations dans le but de devenir le seul propriétaire sur l'île.

(45) Anticosti sous Gaston Menier (1913-1926) par Rémy Gilbert. Document inédit de 24 pages par l'auteur du livre «Mon île au Canada», 1895-1913, les Éditions JID.

 

(44) Suite à une demande de Menier pour la concession de lots de grève et de lots à eau profonde à Baie-Ellis, Félix-Gabriel Marchand, premier ministre et Simon-Napoléon Parent, maire de Québec font une visite sur l'île d'Anticosti (voyage raconté par le journaliste du journal Le Soleil, 1898). 4 pages.

 

(43) Gaston, Albert et Henri Menier, leurs yachts en image. référence: Voiles/Gallimard, Les mémoires de la mer, Jack Grout.

 

(42) 1827, naufrage du Harvest Moon au large d'Anticosti. En 1928 le fils d'un naufragé raconte.

 

(41) En 1850 on envisageait de faire de l’île d’Anticosti, une prison. Journal Le «Canadien», le 21 juin 1850

 

(40) Le steamer «Le Merrimac» s'échoua sur l'île d'Anticosti en 1899. Le journal Le soleil raconte l'aventure, liste des passagers et biographie de l'un d'entre eux, un québécois.

 

(39) L'Aberdeen, un steamer de ravitaillement des phares s'échoua en 1899 près du cap Jupiter, Anticosti; un passager raconte.

 

(38) M. Clarke Wallace (1844-1901) membre du parlement canadien était un adversaire de l’île d’Anticosti de M. Menier. LA PATRIE, LE 11 AOÛT 1899

 

(37)  En 1902, l'honorable Charles Marcil, député de Bonaventure livre à un journaliste ses impressions sur Anticosti. M. Marcil est le grand-père de la comédienne Michèle Tisseyre.

 

(36) Bail entre Gaston Menier et la commission du Hâvre de Québec, pour la location de locaux au Bassin Louise de Québec, le 29 décembre 1920, devant notaire.

 

(35) Vente d'Anticosti le 19 juillet 1926 à la Wayagamac Pulp and Paper devant le notaire E.G. Meredith.

 

(34) Exploration Vaureal-Jupiter, Anticosti, entre le 7 et le 28 mars 1901 par Ovila Montreuil ingénieur civil, assistant de Jacquemart, chef du service des travaux.

 

(33) Le Croiseur anglais HMS Pallas s'arrêta à Anticosti en 1900, dont le capitaine était l'Honorable Walter G. Stopford. Article paru dans le Petit Journal Militaire, Maritine, Colonial le 25 septembre 1904.

 

(32) NOTAIRES - 20 actes notariés du temps de Menier

 

(31) L'acte de vente d'Anticosti à Menier le 18 décembre 1895 devant le notaire William Noble Campbell

 

(30) Le testament de Louis-Olivier Gamache le 22 septembre 1851 devant le notaire Jos. Pelchat

 

(29) Rapport du ministre de l'agriculture de la Province de Québec, 1909.
Lauréat de la médaille d'argent et du diplôme de Très-Grand-Mérite:
Alphonse Parent, Baie Ellis, Anticosti.
Index de 57 noms, 16 pages

 

(28) Lettre de Mgr J.C.K. Laflamme à Henri Menier, septembre 1901 

 

(27) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K Laflamme le 17 juillet 1901

 

(26) Lettre de Joseph Schmitt à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 juillet 1901

 

(25) Lettre de Henri Menier à Mgr J.C.K. Laflamme le 5 octobre 1901

 

(24) Permis de séjour du 15 août au 30 septembre 1901 délivré à Monseigneur J.C.K Laflamme par L.O. Comettant.

 

(23) En 1899, 16 journalistes ont visité l'île Anticosti. Voici ce qu'ils ont raconté.

 

(22) Titre en faveur de Louis Jolliet par Jacques Duchesneau, 1680

 

(21) L'île Ignorée, TOME 2, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 303 noms, 42 pages.

 

      L'île Ignorée, TOME 1, par Georges Martin-Zédé, manuscrit de Georges Martin-Zédé achevé en 1938, (archives de l'Université Laval), édité ici pour la première fois avec un index de 114 noms et 24 illustrations, 33 pages.

 

(20) Voir le vidéo, journal LE MONDE

Jerôme Verroust, journaliste français, parle du parcours de guerre de son arrière-grand-père, Fernand Le Bailly sur cet entretien vidéo au journal Le Monde. Fernand Le Bailly a séjourné sur l’île Anticosti à partir de 1896. Il était marié à Simone Lavigne, petite-fille de Oscar Comettant.

 

(19) Monographie de l'île d'Anticosti par le docteur Joseph Schmitt, 1904, 370 pages.

 

(18) À la mémoire de feu Arthur Buies, journal le Soleil, le 28 janvier 1901.

(17) Arthur Buies, journal le Soleil, Lettre à Ernest Pacaud, le 30 septembre 1899.

 

(16) Arthur Buies, journal Le Soleil, Anticosti, le 23 septembre 1899.

 

(15) La date de la mort de Jolliet, 1886, par l'abbé Cyprien Tanguay

 

(14) Projet de perpétuer le souvenir de Jolliet, 1980, par Luc Jobin, article de Monique Duval, Le Soleil.

 

(13) Lettre de Mgr Charles Guay à Mgr Clovis-Kemner Laflamme, 1902

 

(12) Notice sur l’île Anticosti par Jules Despecher (1895), 6 pages

 

(11) Anticosti par Damase Potvin (1879-1964), 6 pages

 

(10) Le journal de Placide Vigneau (1842-1926) 

 

(9) Histoire et légendes d'Anticosti. Jolliet, Gamache, Ferland, Vigneau et les naufrages, 6 pages.

 

(8) Lettre de Fernand Le Bailly à Mgr. Joseph-Clovis K. Laflamme en 1905.

 

(7) Correspondance du Consul de France, M. Kleskowsk.

 

(6) Cahiers-carnets-agendas de Martin-Zédé (1902-1928).

 

(5) Registre de pêche aux saumons (1896-1928) de Henri Menier sur l'île Anticosti.

 

(4) Entrevue avec Luc Jobin, par Lucien Laurin, le 8 avril 1982.

 

(3) Anticosti 1900, C. Baillargé, 14 pages. (Lire sur Ipad)

 

(2) Oui, j'ai aimé... ou la vie d'une femme, Thyra Seillières, 1943, conjointe de Henri Menier, 244 pages. (Lire sur Ipad)

 

(1) Anticosti, esquisse historique et géographique par Nazaire Levasseur, 1897, 40 pages. (Lire sur Ipad)

 

(0) Lettres de l'Ile Anticosti de Mgr Charles Guay, 1902, 312 pages.

Le 30 mars 2011

 

Rajout: 77 partitions musicales de la main de Lucien Comettant alors qu'il était gouverneur de l'Ile Anticosti. Ces documents dormaient dans une boite depuis 100 ans. Il s'agit de pièces musicales de style victorien pour piano (et violon).

 

Plusieurs livres ont été ajoutés dans la bibliothèque dont:

 

(1) La ville de Québec sous le régime français, volume 1, 1930, 549 pages 

     La ville de Québec sous le régime français, volume 2, 1930, 519 pages

 

(2) Zéphirin Paquet, sa famille, sa vie, son oeuvre. Québec, 1927, 380 pages. Notre arrière-grand-mère était la fille de Zéphirin. Il est le fondateur de la Compagnie Paquet de Québec.

 

(3) L'île d'Orléans, livre historique publié en 1928, 505 pages

 

(4) La biographie du docteur Ferdinand Philéas Canac-Marquis écrite par Nazaire LeVasseur, 1925, 276 pages. Ferdinand est le frère de Frédéric Canac-Marquis, notre arrière-grand-père.

 

Nazaire LeVasseur, l'auteur, est le père de Irma LeVasseur, première médecin femme canadienne-française et fondatrice de l'hôpital Ste-Justine. Il avait été l'agent de Henri Menier et de Martin-Zédé à Québec pour l'entreprise Anticosti.

 

Pauline Gill a récemment écrite un roman historique sur Irma LeVasseur et parle dans son livre de Nazaire LeVasseur et de Ferdinand Canac-Marquis, fils de Frédéric Canac-Marquis