Le Courrier du Canada, Mercredi 12 juillet 1899 | ||
Une page d'histoire et de géographie (suite)
L'Anticosti d'Autrefois
par Charles-Edmond Rouleau
LES TRAVAUX DE DÉFRICHEMENT
Avant 1896, il n’y avait pour ainsi dire aucun défrichement sur toute l’ile. On ne voyait que quelques arpents de culture sur le bord des baies, que nous avons mentionnées plus haut.
Aujourd’hui, on compte 125 arpents en culture dont 80 à la Baie Sainte-Claire, 335 à la ferme Rentilly, 40 au lac Plantin.
On a ensemencé cette année, 180 minots d’avoie, 91 d’orge, 196 minots de pommes de terre, 309 de mais.
On a aussi ensemencé comme essai, ½ minot de blé rouge d’Ontario; 27 minots de pois; 500 lbs de mil; 300 lbs de trèfle rouge et blanc.
À la Baie Sainte-Claire on a commencé la culture des légumes sur une grande échelle. On a planté cet été 240 choux, des navets, des choux raves, des betteraves, de la laitue, des choux-fleurs, des melons, etc. La récolte a une magnifique apparence.
Quoique la colonisation de l’ile ne soit encore qu’à sa première période, les progrès accomplis jusqu’aujourd’hui sous le rapport de défrichement sont ni plus ni moins que merveilleux.
Mais, tout s’y fait d’après une méthode raisonnée et intelligente. On fait faire des explorations, on vérifie la nature du sol et la qualité de la terre, et lorsqu’on a constaté que la colonisation pourra produire d’excellents résultats, le défrichement commence aussitôt.
Mais comment pénétrer dans l’intérieur de la forêt épaisse, puisque l’île est elle-même une immense forêt?
M. Georges Martin, que nous avons déjà mentionné, n’a pas pris de temps à résoudre le problème. Il a fait ouvrir des chemins de colonisation à différents endroits, que l’on pourrait appeler des routes carrossables, bien supérieure à nos meilleures routes macadamisées des vieilles paroisses de la province.
Ainsi on a établi une route de la Baie Saint-Claire à la Baie de Gamache ou Ellis, distance de 8 ½ milles, avec un embranchement de trois milles conduisant à l’Anse-aux-Fraises. Un autre embranche-ment qui mène au Lac Plantin, situé un peu plus loin que l’Anse-aux-Fraises.
La construction de ces routes a coût environ $2,700 du mille. Une fois que ces voies de communication ont été ouvertes, les bûcherons, se sont lancés dans la forêt et les arbres sont tombés par enchantement. Trois fermes ont surgi dans l’espace de deux ans : la ferme de Rentilly, appelée ainsi du nom d’une propriété d’un frère de M. Menier, en France, et la ferme du Lac Plantin.
Il y a encore une petite ferme que l’on vient de défricher : elle est située non loin de la Baie de Gamache et porte le nom de Menardière, en l’honneur de M. Ménard, qui visita l’île, l’été dernier en compagnie de M. Menier.
Outre ces grands travaux de défrichement, nous devons mentionner, l’assèchement de deux lacs : le lac à la Marnière, situé à un demi-mille de la ferme de Sainte-Claire, auquel on enlève l’eau au moyen d’un canal qui vient tomber dans la bai, et dont la largeur totale du terrassement est de 1580 mètres; et le lac Gagnon, situé à l’Est de la Baie de Gamache, Une fois ces deux lacs asséchés, les nouvelles terres cultivables embrasseront une superficie de plusieurs milles.
Le bois que l’on coupe pour les fins de colonisation sert ensuite, au bois de construction. Le bois de chauffage est transporté aux différents postes pour l’usage gratuit des habitants. Et le bois de construction est expédié aux deux scieries existantes : celle de la Baie Sainte-Claire et celle de la baie de Gamache, et à la scierie que l’on est à construire à la rivière de petit
MacCastey où M. Alfred Bélanger, frère de notre aimable capitaine a coupé l’hiver dernier, 49,000 billots de bouleau, d’épinette et de sapin.
Sur chaque côté de la route qui conduit de la Baie Sainte-Claire à l’Anse-aux-Fraises, M. Picard a fait planter ce printemps, plus de cinq cents arbres fruitiers, pommiers, pruniers et cerisiers.
Il y a cinquante hommes employés au défrichement à la ferme de Rentilly, 110 hommes à la Baie de Gamache pour le défrichement et la scierie, et plus de 200 à la Baie Sainte-Claire. Le salaire de ces ouvriers varie de 1.25$ à 1.50$ par jour, suivant le métier ou l’habileté de chacun.
Les différents établissements sont traversés par des chemins de fer Decauville.
Comme on le voit par ce court aperçu des travaux exécutés jusqu’à présent, la colonisation est entrée dans la voie des essais et du progrès avec un espoir de succès certain dans un avenir très prochain, et sans vouloir poser en prophète, nous n’hésitons pas à prédire que, dans quinze à vingt ans, l’île d’Anticosti, comptera dix à douze paroisses riches et florissantes.
LES CONSTRUCTIONS
Quand M. Menier a fait l’acquisition de l’île d’Anticosti, la Baie des Anglais, aujourd’hui Baie Ste-Claire ne comptait que quelques cabanes ou maisons de pêcheurs. Aujourd’hui la baie s’est complètement transformée sous la baguette magique des hommes intelligents et courageux qui ont été chargés par M. Menier de la direction de tous les travaux.
Aujourd’hui, la Baie Sainte-Claire est devenue un véritable village couvert des plus élégants cottages et des plus jolies habitations de toutes sortes.
Les humbles cabanes des pêcheurs ont été remplacées par environ cinquante constructions plus modernes.
Malgré leurs couleurs uniformes, chocolat et vert olive, l’ensemble présente le plus beau coup d’œil que l’on puisse voir lorsqu’on arrive dans la baie du côté de la mer.
Il nous faudrait un volume pour donner une description détaillée de toutes ces différentes bâtisses; nous nous contenterons de mentionner les principales :
La maison du gouverneur, la chapelle, le presbytère en voie de construction, la forge et plomberie, sous la direction de M. C. Poulin de Québec, la menuiserie, sous la direction de M. Ouellet de St-Raymond, comté de Portneuf; la scierie, contremaître, M. Lebel de Lévis, l’hôpital, sous la direction du Dr. Schmitt, le magasin général, la maison de pension, dont une partie est occupée par des employés célibataires travaillant dans les différents bureaux, la salle de réunion actuellement en construction, la cantine et les résidences des premiers officiers des différents départements. Il ne faut pas non plus oublier le quai qui a une longueur d’au moins 800 pies et qui est traversé d’un bout à l’autre par un chemin de fer Decauville.
Quant à l’hôpital, on ne trouve pas mieux dans nos grandes villes. Tout y est distribué suivant les règles de l’art. Il y a deux divisions distinctes : celle de la pharmacie et celle de la médecine. On remarque un laboratoire, un dortoir pour les malades, une salle de bain, une salle de consultation, une salle d’opération, etc.
Tous les employés et les ouvriers de la ferme, même les pêcheurs sont soignés là gratuitement et une fois par semaine on les oblige à prendre des bains.
On voit, dans cet hôpital, un musée général du règne végétal et animal de l’île. Une collection de peaux de renards, de loutres, martres, ours, excite l’admiration des naturalistes eux-mêmes. Il y a là des variétés de renards argentés, noirs, jaunes, et demi-blancs dont la beauté et la richesse sont tout à fait remarquables.
La minéralogie se signale par des échantillons suivants : la labradorie, pierre bleue avec filet blanc qui sert à la décoration et le calcaire en cristallin, entrant dans la construction.
Il y a encore de belles collections de poissons, «marèches» de l’espèce des requins, truites, homards, jeunes saumons, anguilles, poules d’eau, etc. et aussi une collection d’oiseaux, warn, couty, moyach, plongeur, becsie, pigeon, marmette, goad, cacaoul, barnêche, outarde, siffleur, huard, loche, chatcingate, cadres, goéland, aigle, mouette, margot, chevalier, pluvier, alouette, corbigeau bécassine, canard noir, butor, héron pêcheur ou aigle pêcheur, corbeau, perroquet, cormoran, canne de roche, oie sauvage, etc.
LA FERME
La ferme, que l’on pourrait citer comme ferme modèle à toute la province de Québec, est dirigée par M. Picard et comprend un grand nombre de constructions, entre autres, la résidence des employés de ferme, des écuries et étables, la porcherie, la laiterie et beurrerie, le poulailler.
Cette ferme est en exploitation depuis à peu près 26 mois. Elle comprend 24 bêtes à cornes, dont 11 vaches canadiennes; 17 chevaux; 9 veaux; 1 bœuf de travail, etc. Le directeur se propose de n’élever que du bétail canadien.
À côté des écuries, il y a une petite bâtisse où l’on fait de l’ensilage. Le silo de l’année dernière a parfaitement réussi et a fourni de la nourriture du mois de septembre à la fin de novembre.
La laiterie est organisée sur le même pied, que nos grandes laiteries canadiennes. La Salle est tout à fait remarquable par sa propreté et une glacière dont les parois sont couvertes en tôle trouée communique avec la laiterie et conserve le lait et le beurre dans l’état le plus parfait.
La température est de 82 degrés «Fahrenheit».
LA PORCHERIE
La porcherie est parfaitement aménagée. Le chemin de fer Decauville la traverse d’une extrémité à l’autre et sert à distribuer la nourriture aux 81 porcs que l’on y voit aujourd’hui; dans vingt minutes l’on fait cette distribution.
L’hiver dernier, l’on a engraissé plus de 200 porcs dont la production de viande a donné 5,000 livres et la production de cette année est évaluée à 7,000 livres.
La porcherie repose sur un fond de béton, traversé par des canaux de drainage à chaque compartiment.
Le poulailler se trouve dans la porcherie et renferme environ 200 poulets de l’année.
Voilà un résumé aussi fidèle que possible des progrès qui ont été accomplis à la Baie Sainte-Claire, depuis que M. Menier est propriétaire de l’île.
LA BAIE DE GAMACHE
Transportons-nous maintenant à la baie de Gamache, distance de 8 ½ milles de la baie Sainte-Claire. C’est ici que s’élève le cottage de M. Menier construit sur les fondations mêmes de la maison de célèbre Gamache qui a donné son nom à cette baie et dont les restes reposent à un arpent environ à l’est sur une colline, entre deux épinettes; une petite croix de bois adossée à l’une de ces épinettes, indique la dernière demeure de cet homme si redouté des marins. |
C’est la seule construction nouvelle à cet endroit, mais au fond et à l’est de la baie à 1 ¼ mille, il y une magnifique scierie, et un camp en construction, où 150 hommes sont employés à l’assèchement du lac Gagnon et du marais qui avoisine la baie.
Cet assèchement terminé, M. Menier pourra mettre alors, en culture environ 150 acres d’excellente terre. Au moulin on est à scier 71,000 billots qui serviront à la construction du quai projeté.
On est aujourd’hui à faire faire des sondages dans la baie en face même du cottage pour voir si on ne sera pas capable de la creuser suffisamment pour faire arriver au rivage même les plus gros steamers.
Si les sondages produisent les résultats attendus on renoncera à la construction du quai pour exécuter le dragage voulu.
M. Martin a soumis à M. Menier toutes les expériences qu’il a déjà fait faire et il n’attend plus que sa réponse pour commencer les travaux, soit de la construction du quai, soit du creusement de la baie.
On comprend que ces travaux entraîneront une dépense considérable, mais M. Menier est bien décidé de faire de la baie de Gamache un véritable port de mer où s’élèvera avant longtemps une ville magnifique et populeuse.
C’est là que sera transporté le chef-lieu de la colonie.
À mi-chemin entre la scierie et le cottage de M. Menier, on rencontre un défrichement considérable, au moins cent acres de terre en superficie.
La baie de Gamache est un havre où les vaisseaux trouvent un abri sûr contre tous les vents et les tempêtes.
L’ANSE-AUX-FRAISES
Le mauvais temps nous a empêché de visiter cet endroit… de l’île. C’est un vieux poste de pêcheurs qui n’a subi aucune transformation depuis l’établissement de la nouvelle colonie française. Ce sont les mêmes familles qui l’habitent.
Cette anse comprend 25 familles ou 200 âmes, dont 150 communiants. Il y a là une école fréquentée par 45 enfants et dirigée par madame Honoré Piezeau.
L’église Saint –Ludger de l’Anse-aux-Fraises est desservie par M. le curé Boily, de la Baie Sainte-Claire.
Comme nous l’avions dit plus haut, une route carrossable, parfaitement macadamisée met aujourd’hui l’Anse-aux-Fraises en communication, en hiver comme en été avec les habitants de la Baie Saint-Claire, et c’est à M. Menier que la population de ce poste est redevable de ce bienfait.
À part des améliorations considérables que nos avons décrites, il y en a une foule d’autres que nous sommes forcés de laisser de côté, à cause du manque d’espace et de temps, telles que l’observatoire climatologique, qui se trouve à une distance de un mille et demi à l’est de la baie Sainte-Claire et qui s’élève sur une montagne de 200 pieds de hauteur.
Cet observatoire a une hauteur de 139 pieds et donne une vue dans l’intérieur de l’île sur un rayon de 35 milles, sur la baie Ellis, l’Anse-aux-Fraises, la baie Sainte-Claire, Pointe-Ouest, le lac du Grand Ruisseau, le Grand et le Petit MacCastey, les îles de la côte nord, et en temps clair, la côte de la Gaspésie; le parc aux renards, le parc où l’on fait l’inspection des animaux avant de les introduire avec les autres. La pointe-Ouest où nous aurions aimé à rendre visite à son aimable gardien M. Alfred Malouin.
LE PERSONNEL DE L’ADMINISTRATION
Après avoir pris connaissance des nombreux travaux qui ont été exécutés jusqu’ici et qui seront entrepris dans un avenir assez rapproché, on comprend que la colonie doit avoir à sa tête une administration considérable, intelligente et dévouée aux intérêts de son propriétaire.
La tête de la colonie est sans aucun doute M. Menier, résidant en France, mais représenté sur l’île par son ami M. G. Martin. C’est M. Martin qui est l’âme dirigeante des travaux de la colonisation. Il examine, il explore, il fait faire des essais, il étudie la nature du sol, il analyse la qualité du bois, et ensuite il ordonne tous les travaux qui doivent être faits.
L’administration de la colonie est entre les mains du gouverneur, M. L-O. Comettant qui transmet ses ordres aux chefs des différents départements de l’administration, et ceux-ci les font exécuter.
Il n’est pas sans intérêt de faire connaître le personnel qui compose l’administration, ainsi que les noms … sur la ferme… toutes les familles françaises qui résident à la Baie Sainte-Claire.
Gouverneur de l’île, M. L.-O. Comettant, marié à Mademoiselle Jeanne Mangeot, de Nancy. Sont nées de ce mariage, mademoiselles Thérèse, Renée, Georgette, Marcelle et Jeanne, bébé de deux mois.
Mlle Simone Lavigne, nièce de M. le Gouverneur, fait partie de la famille.
Le docteur Schmidt, un savant émérite, ex-élève de Charcot, classificateur du Museum de Paris, etc. marié depuis une couple d’années à une parisienne.
M. P. Landrieux, chef de la comptabilité et du service interne, marié à Mlle Mathilde Ferland, de la Basse-Ville, il y a environ deux ans. De ce mariage est né un fils qui a nom Pierre.
M. Jacquemart, ingénieur et chef du service des travaux, M. Jacquemart est veuf, et ses deux enfants étudient à Paris.
M. Picard, chef du service agricole, marié à une française, père de deux filles et d’un garçon.
Les messieurs suivants font partie du bureau de la comptabilité : Fernand Le Bailly de France; J.A. Sirois de Lévis : et J.A. Julien de Québec.
Attachés au service des travaux; Avila Montreuil, assistant, de Lévis; Pierre Lescure et Philippe Leblanc Assistant à la ferme, M. Taillon, de château-Richer.
Au magasin : chef M. Eugène Servêtre, assisté de MM. Ernest Servêtre et Lorenzo et Horatio Malouin.
REMARQUES GÉNÉRALES
Tous les employés aux travaux de la ferme, de la forge, de la menuiserie, de la peinture, de la scierie, etc. sont logés et chauffés gratuitement. Ils peuvent et doivent acheter les provisions et l’habit au magasin en payant le prix comptant. Aucune boisson n’est admise sur l’île. On comprend en présence d’un semblable état de choses que les ouvriers qui sont tous canadiens, sont forcés à pratiquer l’économie et certes! C’est un grand avantage pour eux que d’aller à pareille école.
Ils sont tous vêtus convenablement, mais sans luxe, M. Comettant, Mme et mesdemoiselles Comettant donnent sous ce rapport un exemple salutaire.
C’est donc une œuvre vraiment philanthropique que M. Menier a entreprise en faisant l’acquisition de l’île d’Anticosti et en lui donnant la direction civilisatrice qu’elle a aujourd’hui.
Cette colonie française sera bientôt une petite province dans notre grande province de Québec, et la colonisation de cette île, considérée parfois comme inhospitalière, produira un bien immense, non seulement sur la population qui l’habitait auparavant, mais encore sur la côte nord et la côte de la Gaspésie qui sont en communication constante avec l’Anticosti.
C’est là le premier effet que nous attendons de l’établissement de cette colonie, sans compter l’impact que l’exploitation de l’île soit agricole, soit forestière, et la dépense de plusieurs millions de francs dans notre province donneront au commerce et à l’industrie en général.
Certains journaux anglais toujours à l’affût des nouvelles à sensation annonçaient dernièrement l’existence de plusieurs forts à la baie des Anglais.
Il faut avoir la berlue pour faire circuler de semblables canards. Ces prétendus forts à la baie des Anglais ne sont rien autre chose que des entrepôts pratiqués sous le sol, comme nos caves à pommes de terre dans la province de Québec, et dans lesquelles on dépose une grande quantité de provisions, fleur, lard, pois, beurre, mélasse, etc. dans le cas où un incendie éclaterait dans cette partie de l’île. Ces entrepôts sont situés à environ cent verges de la ferme.
La collaboration de M. J.W. Sirois, de l’Événement, nous a été fort utile pour le travail que nous avons fait sur l’île d’Anticosti, d’aujourd’hui.
Notre confrère s’était chargé de prendre des notes sur le personnel et sur les travaux de toutes sortes qui ont té exécutés depuis 1896, et ces notes ont fait partie de notre étude.
Dans le compte-rendu de notre excursion, nous avons fait allusion du capitaine du «Savoy» et à son équipage. Il est rare de rencontre des marins aussi polis et aussi bien élevés.
Pendant tout notre voyage, nous n’avions pas entendu un mot plus haut que l’autre. Le capitaine commande, mais avec douceur. Et l’équipage obéit avec le plus grand empressement.
La satisfaction du devoir accompli brille sur toutes les figures, et l’ordre le plus parfait ne cesse de régner parmi tout l’équipage.
Le capitaine et ses subalternes nous ont témoigné la plus grande urbanité et le plus vif empressement à satisfaire non seulement, mais encore à devancer nos moindres désirs. Nos remerciements les plus sincères à tous.
Voici la liste des principaux officiers du «Savoy» : Le capitaine M. Jean-Baptiste Bélanger dont le cap St-Ignace est la paroisse natale, et qui a fait son cours commercial au collège de Ste-Anne de la Pocatière. Le Second, M. Luc Pelletier, de la paroisse de l’Islet Deuxième Second, Louis roulé, de la ville de St-Thomas de Montmagny. Nous devons aussi mentionner d’une manière toute spéciale le cuisinier, M. Joseph Julien du village de Bienville; cet employé est passé maître en son art; la table du «Savoy» est toujours couverte de mets délicieux et assaisonnés de manière à satisfaire les plus gourmands. Nous ne connaissons pas les noms des autres marins, mais il nous suffira … (illisible)
Charles-Edmond Rouleau |