Oscar Comettant est correspondant de Guerre pour le journal parisien Le Siècle dans la dispute Holstein-Schlewing du Danemark se défendant contre la Prusse et l’Autriche.
(A noter que cet article intitulé Danemark, ne porte aucune date ni lieu d’origine de l’écriture. Il est signé par Oscar Comettant. Serait-il revenu à Paris? Aucun élément de l’article ne le laisse deviner.
Danemark
Des lettres particulaires du Danemark nous apprennent que le malheur n’a point abattu le courage de ce peuple réfléchi et vigoureusement trempé. Il est prêt, s’il le faut, à soutenir jusqu’à l’épuisement complet de ses forces, la défense héroïque qu’il a entreprise dans l’intérêt de son honneur et de ses droits.
Le roi actuel Christian IX était bien l’interprète des sentiments de la nation lorsqu’il a dit, à l’occasion de la clôture de la session du risdag, le 22 mars dernier: “Notre ennemi connaît bien mal le peuple danois lorsqu’il croit le soumettre par les charges qu’il lui impose”. Et plus loin: “Que nos ennemis apprennent que le temps est encore éloigné où nous serons forcés d’accepter pour nous et notre peuple une paix humiliante”.
Ces dignes paroles vibrent encore dans toutes les poitrines en Danemark, et ce sont les parties du royaume les plus éprouvées par la guerre, c’est le Jutland, qui d’une voix unanime demande à persister dans la résistance, s’il peut sortir de la conférence qu’un arrangement incompatible avec la juste fierté du pays.
Non, le moment d’accepter une paix humiliante n’est pas encore venu pour le Danemark. J’ai vu ces hommes de près dans les moments suprêmes où les combattants n’étaient plus que des martyrs attendant le trépas, calmes et le front haut. Ils sauront mourir encore, ils voudront tous mourir plutôt que de subir l’insolence et l’outrage.
Des levées en masse auront lieu, et s’ils succombent, ces fiers défenseurs de la patrie menacée, s’ils tombent écrasés par le nombre broyés à distance, ils mourront contents.
C’est à ceux qui se disent leurs amis, qui les ont conseillés et qui les abandonnent aujourd’hui, à décider s’ils veulent leurs amis, qui les ont conseillés et qui les abandonnent aujourd’hui, à décider s’ils veulent assumer la responsabilité d’un semblable désespoir et des conséquences qui en pourraient résulter pour le repos de l’Europe.
Personne aujourd’hui ne se fait plus d’illusion sur le véritable motif qui a déterminé l’Allemagne, à réclamer la guerre au Danemark. La constitution, très inoffensive au fond, du 18 novembre dernier n’a été qu’un prétexte heureux, je le reconnais, pour entreprendre une campagne depuis longtemps décidée en principe. Dans maintes circonstances l’Allemagne, par ses journaux et par la voix de ses représentants légaux, a hautement avoué ses projets de conquêtes.
Nos correspondances nous représentent le Danemark comme étant prêt à faire l’abandon du Holstein en dépit du traité de 1852, foulé aux pieds par la Prusse et irrespecté par ceux-là même qui en avaient eu l’initiative et en avaient garanti l’exécution.
Mais si, avec le Holstein, l’Allemagne s’adjuge le Schleswig ou seulement une partie de ce duché, c’en est fait du Danemark dans un temps plus ou moins reproché. Il n’est personne qui ne voit clairement que ce partage serait le prélude d’une dissolution entière du royaume.
La rivière de l’Eider peut encore former une frontière contre les tentatives de l’Allemagne, possédée de l’esprit sont rompues, envahira bientôt tout le Jutland, par sa seule force d’expansion, pour s’étendre fatalement aux îles de la Fionie et à l’île de Jutland, par sa seule force d’expansion, pour s’étendre fatalement aux îles de la Fionie et à l’île de Seeland; c’est-à-dire au Danemark tout entier.
Le péril pour cette nation n’eût pas été moins grand si elle s’était laissé prendre au piège que lui tendaient les plénopentiaires allemands lorsqu’ils demandèrent l’union complète, politique, administrative et législative des duchés de Holstein, de Sleswig et de Lauenbourg, la diète se serait crue autorisés à disposer de ce nouvel état en faveur du duc d’Augustenbourg ou tout autre candidat de son choix, et par le fait c’eût pour le Danemark la perte de trois provinces.
Devant les difficultés d’une semblable position, tout espoir d’une solution pacifique semble détruit. Si pourtant une solution était acceptée, qu’elle soit tranchée, nette, radicale. Plus de conventions quant à l’organisation intérieure, afin d’ôter à l’Allemagne tout prétexte de s’immiscer dans les affaires de ce malheureux pays, pour lequel elle n’a cessé d’être depuis des siècles, que menace continuelle.
Que le Danemark soit petit, très petit, pour le plus grand avantage de l’Allemagne, puisqu’elle le veut absolument, et que personne ne s’y oppose; que le traité de 1852 soit déchiré sans façon et jeté au vent de la politique avec les particularités donnés au Danemark en 1720, 1727, et 1773 pour la paisible possession du Sleswig - aussi danois d’origine que Copenhague même - mais que ce royaume s’appartienne enfin et qu’il soit maître de ses destinées.
Plus tard peut-être il rentrera dans ses droits. Malé paria, male dilabuntur.